Aujourd’hui plus que jamais, les exigences et/ou appétences des collaborateurs obligent le DRH à être stratégique et les entreprises l’ont toutes compris. Mais il est une autre fonction qui pourrait bien devenir déterminante à court terme : celle de directeur immobilier.
Nous avons assisté au meet-up « le binôme directeur immobilier et DRH, les clés de voûte pour réinventer l’entreprise, ses espaces et modes de travail », organisé par Wojo. Sylvain Hasse (BNP Paribas Real Estate), Arnaud Bosom (TF1), Jean-Patrick Sheepers (Peas&Love) et Stéphane Bensimon (Wojo) ont croisé leurs expériences : le besoin de sens, de transformation et d’accompagnement au changement ne font plus de doute pour personne. Mais si le DRH reste le principal référent sur ces sujets, celui qui pourra compter sur un directeur immobilier aura plus de chances que d’autres de mener sa mission à bien.
Lorsque nous travaillons, nous nous rendons dans un lieu consacré (et le sens religieux du terme pourrait fonctionner ici), pour y accomplir un certain nombre de tâches, le plus souvent en interaction avec d’autres travailleurs.
On attend du RH qu’il veille aux bonnes conditions de réalisation des dites tâches, ainsi qu’à la fluidité des interactions en question, pivots d’une productivité satisfaisante. Il y a longtemps que les entreprises ont compris l’importance des ressources humaines, et pas seulement pour gérer les feuilles de paie ou recruter.
Mais qui se préoccupe du lieu qui abrite tant d’énergie si savamment déployée ? Le directeur immobilier, nous explique Sylvain Hasse, est encore méconnu en France. Sa mission est de gérer la vie du/des bâtiment(s) au sens large : les actifs et les droits immobiliers de l’entreprise (sans oublier son portefeuille locatif d’exploitation). Mais il est aussi de plus en plus invité à veiller à l’attractivité de l’environnement de travail proposé aux (futurs) collaborateurs. En cela, ses préoccupations rejoignent alors celles du DRH : en voici quatre.
1 – L’immobilier, un levier pour attirer et retenir
Les collaborateurs ne cherchent plus seulement un travail pour payer leur loyer. Le projet, la culture de l’entreprise sont désormais des critères bien plus saillants que la rémunération. Et comme le fait remarquer Sylvain Hasse, c’est encore plus vrai sur les métiers en tension : avant de signer, on s’intéressera aux conditions de réalisation de la mission, à la possibilité de télétravailler, au mode de management et… au cadre de travail.
Ainsi TF1, qui voit les métiers de l’audiovisuel révolutionnés par le numérique depuis quinze ans, a pris de plein fouet ces nouvelles attentes. Les RH, avec Arnaud Bosom, ont alors dû s’adapter aussi vite que leurs collaborateurs, sous peine de voir ces derniers se désolidariser de leur entreprise et perdre toute attractivité. Conscientes que l’espace de travail, et de nouveaux modes de travail, pouvaient devenir un atout, elles ont imaginé travailler autrement… en faisant appel à Wojo Business Solutions (NBS) à la fois pour casser les codes, ne pas perdre leurs ressources et attirer de jeunes talents, mais aussi pour valoriser un actif de quelques milliers de mètres carrés.
LE GUIDE GRATUIT POUR BIEN CHOISIR VOS BUREAUX
- Décryptez le prix par poste d'un bureau flexible
- Optimisez vos charges immobilières
- Bureaux flexibles vs bureaux traditionnels : le match
- Bien choisir son bureau flexible
- 3 études de cas d'entreprises : grand compte, PME, start-up
2- Un cadre de travail qui fait sens
On pourrait penser que la démarche de TF1 était gagnée d’avance. Offrir un espace de travail lumineux, spacieux et ludique aux collaborateurs leur permettrait assurément d’éprouver de la satisfaction à venir travailler et de la fierté à y accueillir les clients, voire… de s’y construire des souvenirs mémorables, à même de renforcer la culture d’entreprise.
Encore fallait-il avoir pris soin d’expliquer le projet aux équipes, avertissent Arnaud Bosom et Jean-Patrick Sheepers.
Gare au piège de la superficialité : il faut savoir écouter les hommes, et imaginer les espaces ou les modes de travail alternatifs qui leur correspondent. Ainsi, aller planter des potagers sur les toits peut paraître une belle idée, qui ne fonctionnera pourtant pas nécessairement… si les collaborateurs eux-mêmes n’en ont pas émis le souhait, commente Jean-Baptiste Sheepers. Voilà pourquoi, lorsque TF1 a entrepris de revisiter ses espaces (notamment en abandonnant le principe du poste de travail fixe), un important travail de concertation et de sensibilisation a été réalisé par les RH avec les équipes concernées…
On comprend alors combien un directeur immobilier, les ressources humaines et le management sont étroitement impliqués et imbriqués.
3 – Créer des espaces intelligents
De plus, nous rappelle Stéphane Bensimon, un espace de travail bien pensé ira bien au-delà de l’amélioration des conditions de travail. Car la variété des typologies de lieux (salles de repos, espaces de jeux, coins repas…), mais aussi leur agencement et la distribution des espaces, permettent de créer du frottement entre les équipes : on se redécouvre, on change ses habitudes, on interagit autour du fameux baby-foot…
Le principe du poste de travail non attribué contribue lui aussi à cette alchimie, qui impacte non seulement les usages au travail, mais aussi les relations entre les collaborateurs et leur manager. Arnaud Bosom évoque ainsi la transformation inattendue des relations hiérarchiques induites par les nouveaux usages autorisés dans les espaces réaménagés.
Il y a donc là un véritable retour sur investissement pour le directeur immobilier, dont les top managements ont de plus en plus conscience : pour preuve, la tendance des grandes entreprises à externaliser une partie de leurs équipes dans des espaces de coworking, afin de leur faire bénéficier de la mixité des relations offertes.
4 – Mesurer l’impact du bâtiment sur les équipes
Et la tendance est avérée : depuis trois ans, l’immobilier est de plus en plus perçu comme un levier de performance. Par capillarité, en observant ce qui se fait ailleurs et constatant les bénéfices obtenus, les grandes entreprises envisagent désormais leur actif comme une carte à jouer. Le directeur immobilier devient alors un élément clé dans le développement de l’entreprise.
Au-delà d’une culture du test&learn qui commence à se faire jour, analyse Sylvain Hasse, c’est surtout parce qu’il est possible d’obtenir des données arithmétiques à même de prouver la rentabilité d’un immobilier, pensé désormais comme un levier de performance (et non plus comme un centre de coûts). Ainsi, en mesurant le taux d’absentéisme avant et après la transformation des espaces de travail, ou en sondant la satisfaction des collaborateurs, les entreprises calculent littéralement combien le bien-être au travail, mais aussi l‘interaction et la flexibilité, sont vertueuses en termes de productivité…
On voit donc dans quelle mesure l’immobilier peut véritablement influer sur le devenir d’une entreprise et constituer un atout dans sa transformation : au-delà d’une source de satisfaction et d’attractivité, il peut être l’instigateur de nouveaux usages au travail, bousculer les modes de management et conduire les équipes à (se) penser autrement. Autant de changements et adaptations qui ne peuvent qu’être profitables à des entreprises qui, si elles veulent durer, doivent évoluer et innover toujours plus vite.
En ce sens, le directeur immobilier a bien sa place aux côtés du DRH.
À propos :
Arnaud Bosom est le directeur général adjoint des Relations Humaines et Organisation chez TF1.
Sylvain Hasse est directeur exécutif Corporate Services
pour BNP Paribas Estate, filiale du groupe bancaire BNP.
Stéphane Bensimon est président et CEO de Wojo.
Jean-Patrick Scheepers est cofondateur de Peas&Love (potagers urbains gérés et implantés sur les toits).
Un article rédigé par Laëtitia Cognie (Plume, etc.)
pour Wojo, business humanizer