Rejoindre une réunion en enfilant un casque de réalité virtuelle, prendre un café avec un collègue à l’autre bout du monde, faire son shopping virtuel pendant sa pause déj., terminer sa journée par une exposition d’art numérique… Voici peut-être à quoi ressemblera notre journée de travail dans quelques années en venant travailler dans le metaverse. Qu’est-ce que c’est ? Quelles sont les premières concrétisations de ce nouvel univers virtuel ? Qu’implique-t-il en termes d’expérience de travail ? On se plonge dans le sujet, et même pas besoin de casque VR.

Metaverse : définition et origine

Le mot fleurit sur les Internets depuis plusieurs mois. Le metaverse, ou métavers pour les irréductibles de la langue de Voltaire, est la contraction du terme « meta universe », utilisé pour la première fois en 1992 par le romancier Neal Stephenson dans Snow Crash, roman futuriste à l’esprit cyberpunk (tout un programme).

Le metaverse désigne un environnement virtuel partagé, en trois dimensions, où nous pouvons évoluer via un avatar ou un hologramme. Il utilise la réalité augmentée (AR) et la réalité virtuelle (VR) pour créer un univers collectif, où nous retrouvons d’autres personnes. Si vous avez lu ou vu Ready Player One, vous visualisez bien comment réalité et cyber réalité s’entremêlent et constituent des pans complémentaires de notre existence.

Les technologies utilisées pour faire fonctionner le metaverse reproduisent une communication proche de la réalité : gestes, expressions, voix, etc. sont retranscrits fidèlement. L’expérience proposée est très immersive ; le metaverse se veut accessible depuis n’importe quel appareil, que ce soit une tablette ou un casque de réalité virtuelle.

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    Que fait-on dans le metaverse ?

    La même chose que dans la vraie vie, mais sans les contraintes physiques. Des collaborateurs des quatre coins du monde peuvent se retrouver dans une même salle de réunion et interagir. Avec des monnaies virtuelles (qu’il faut acheter avec de l’argent bien réel, lui), on peut faire du shopping en ligne pour son avatar, assister à un concert, visiter une exposition, construire des habitations en achetant des terrains numériques, devenir propriétaire d’œuvres d’art, etc. De quoi occuper ses journées, donc !

    D’ailleurs, le cabinet américain Gartner estimait en février 2022 que dès 2026, 1 personne sur 4 passera au moins 1 heure par jour dans le metaverse[1], pour travailler, s’éduquer, avoir des interactions sociales, faire du shopping ou se divertir.

    (c) Gartner

    Les entreprises pionnières du metaverse

    Ce nouvel espace communautaire suscite déjà l’appétit des entreprises. Partenariats, shopping ou événements virtuels sont déjà une réalité dans le metaverse.

    Par exemple, en mai 2021, Roblox et Gucci se sont associés pour créer une exposition virtuelle interactive et éphémère, le Gucci Garden, en parallèle d’un événement physique au Jardin Gucci à Florence. À cette occasion, la marque a vendu une réplique virtuelle de l’un de ses sacs à main pour la modique somme de 350 000 Robux (la monnaie virtuelle qui a cours dans Roblox), soit… 4 115 $ ! Une somme d’autant plus impressionnante que le vrai sac à main Gucci coûte en boutique « seulement » 3 400 $.

    La prestigieuse maison de vente aux enchères Sotheby’s a annoncé à l’automne 2021 qu’elle ouvrait un département dédié aux NFT. Kézaco ? Les NFT (pour non fongible token) sont des certifications de propriété qui attestent de l’authenticité d’une œuvre ou d’un artefact numérique, générés via la blockchain. Ils sont associés à un objet virtuel et le rendent unique, car ils ne peuvent pas être échangés. Ces NFT représenteraient déjà 2 % du marché de l’art global, selon un rapport d’Artprice. Signe des temps, chez Christie’s, en mars 2021, une œuvre entièrement numérique de l’artiste Beeple s’est vendue 59,7 millions d’Euros

    Et celles qui ont carrément déjà emmenagé

    Certaines entreprises ont déjà posé leurs cartons dans le metaverse. Ainsi, le cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers a acquis des terrains dans le jeu vidéo The Sandbox. Il y a construit un centre de conseil destiné aux marques qui veulent explorer les opportunités de cette nouvelle technologie. Prager Metis, cabinet international d’expertise comptable et de conseil, a ouvert le tout premier siège social virtuel sur la plateforme Metaverse Decentraland. Ces bureaux “metaversiens” fourniront à leurs clients, individus et entreprises, l’expertise nécessaire pour naviguer dans le metaverse d’un point de vue financier.

    Tout ceci ouvre de nouvelles perspectives business aux entreprises, avec une transition des solutions digitales vers des solutions adaptées au metaverse. Gartner estime d’ailleurs que d’ici à 2026, 30 % des organisations dans le monde proposeront des produits et services dédiés au metaverse.

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    Travailler dans le metaverse, fiction ou réalité ?

    Chez Facebook, nouvellement rebaptisé Meta (vous pouvez tout à fait y voir un lien de cause à effet), le fait de travailler dans le metaverse est envisagé comme une réalité prochaine. Le groupe a déjà lancé une version bêta de Oculus Horizon Workrooms. Ce metaverse permet aux collaborateurs de se retrouver dans la même salle de réunion, par le truchement d’un casque de réalité virtuelle.

    Ces espaces très immersifs, qui ringardisent l’expérience Teams ou Zoom, promettent d’améliorer l’expérience virtuelle de travail. Ils favoriseront l’engagement, la collaboration et la connexion avec et entre les collaborateurs, en s’affranchissant des contraintes de distances. Un salarié basé à Hong Kong (ou plutôt, son avatar) pourra ainsi venir s’asseoir à côté d’une collègue installée à Los Angeles et l’aider à résoudre un problème. Des événements virtuels contribueront à renforcer la culture d’entreprise et l’appartenance en réunissant les équipes dans des workshops, séminaires, conférences. Sans écran interposé, ils échangeront facilement de manière formelle et informelle grâce à leurs avatars.

    Vers un vrai bouleversement de l’expérience de travail grâce au metaverse ?

    Les changements annoncés sont certains, mais encore difficile à appréhender car la route reste longue avant une vraie démocratisation de ces technologies. Faut-il pour autant d’ores et déjà imaginer remplacer ses m² de bureaux par des pixels ? Ne nous précipitons pas.

    La crise sanitaire a montré que les entreprises fonctionnaient très bien même avec des collaborateurs à distance. Elle a aussi mis en lumière l’importance des interactions sociales, des liens humains et des échanges informels, essentiels à la cohésion des équipes et l’appartenance à l’entreprise. De la même manière que le 100% télétravail apparaît difficile à tenir dans la durée, le 100% metaverse semble peu compatible avec une bonne cohésion à long terme, même s’il offre bien plus de possibilités d’interactions que les outils collaboratifs actuels.

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    En revanche, le metaverse ouvre la perspective à un élargissement du télétravail. Des métiers qui aujourd’hui nécessitent une proximité physique pourraient s’effectuer à distance en se retrouvant dans le metaverse, comme on se retrouve aujourd’hui au bureau.

    Quelle place pour le coworking dans le metaverse ?

    Le travail hybride a déjà bouleversé la manière de concevoir et vivre les bureaux, envisagés aujourd’hui comme des lieux où venir vivre une expérience de travail complète. Confort, proximité et flexibilité sont des prérequis désormais attendus par les collaborateurs lorsqu’ils viennent jusqu’au bureau.

    Certains préfèreront s’offrir les services d’architectes virtuels pour construire leur nouveau siège social dans le metaverse. Les entreprises en quête de flexibilité, les travailleurs indépendants, les structures en forte croissance et les jeunes pousses pourront se tourner vers des solutions de coworking, où profiter d’une expérience immersive clé en main et connecter avec des entreprises et individus d’autres horizons. En attendant d’y être, le coworking offre déjà un brassage des profils et une flexibilité précieuse, qui ouvre de nouveaux horizons aux entreprises qui l’expérimentent et favorisent le bien-être au travail des collaborateurs.

    Les questions que pose le travail dans le metaverse

    La première est celle de la qualité de vie au travail. Si le metaverse favorise une grande proximité entre les collaborateurs et des échanges humains presque aussi riches que dans la vraie vie… Il reste un « presque », justement. Car travailler dans le metaverse implique d’être encore plus dépendant des outils numériques, et de s’immerger dans le virtuel aux dépens du réel, avec des risques psychosociaux difficiles à évaluer. Les organisations devront donc mettre en œuvre un accompagnement très attentif pour encadrer l’utilisation du metaverse et prôner une déconnexion plus importante que jamais.

    La deuxième est celle de l’investissement. Si de grands groupes ont les moyens de s’équiper en casques de réalité virtuelle et autres matériels de pointe, les organisations de taille plus modeste seront sans doute freinées par ces investissements coûteux et un possible manque de compétences pour appréhender toutes les possibilités de ce nouvel outil. La technologie étant à ses prémices, et encore très fragmentée, difficile aussi de savoir quels investissements seront viables à long terme.

    La question des données sera aussi cruciale. Les utilisateurs du metaverse y amènent leurs données, sans cadre de régulation pour l’instant. Appliquée au monde du travail, cette collecte des données interroge sur le respect de la vie privée des salariés et nécessitera la mise en place de règles au sein des organisations.

    Le mot de la fin (pour l’instant, car cela ne fait que commencer)

    Travailler dans le metaverse, ou du moins mener certaines de nos activités quotidiennes comme des réunions, sera sans doute une réalité banalisée d’ici à quelques années. En attendant que la technologie arrive à maturité, managers et dirigeants ont intérêt à rester en veille active sur le sujet, afin d’engranger un maximum d’informations sur les bonnes pratiques, explorer les possibilités du metaverse et se préparer à y faire leur entrée de manière compétitive.  

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    [1] Estimation du cabinet Gartner, février 2022

    Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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