Clara Gaymard, cofondatrice de RAISE, est venue présenter chez Wojo le fonctionnement de cet écosystème entrepreneurial hors-normes. Le fonds de dotation RAISE, imaginé en 2012 dans des circonstances particulières avec Gonzague de Blignières, prône la coopération entre les grandes entreprises bien établies (Goliath) et les plus jeunes (David). L’idée ? Donner toutes les chances à ces dernières de grandir sur notre territoire. RAISE soutient ainsi les stratégies d’investissement gagnantes, en contribuant par ailleurs à l’activité philanthropique de sa fondation, dédiée aux Jeunes entreprises de croissance françaises (JEC).
Fonds de dotation RAISE : une anecdote qui a mis « le feu aux poudres »
Finalement, nous pourrions remercier le journal Libération d’avoir réussi à exaspérer Clara Gaymard et Gonzague de Blignières en publiant, en septembre 2012, un article titré « Jeunes de France, l’avenir est ailleurs : barrez-vous ! » (Article cosigné par Félix Marquardt, Mokless et Mouloud Achour le 3 septembre 2012). Leur réaction fut instantanée : comment (ré) agir face au constat de Libé ? Comment aider leur pays de façon proactive, au lieu d’attendre que la solution vienne de l’administration ?
« Raise est un cri du cœur, et un cri de colère. » (Clara Gaymard)
Clara et Gonzagues ont alors démissionné afin de mettre leur expertise et leur réseau au service de l’entrepreneuriat français.
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Étape 1 du fonds de dotation RAISE : trouver des fonds et investir
Ainsi fût créé RAISE Investissement en janvier 2014. Clara Gaymard et Gonzague de Blignières partirent à la rencontre des grandes réussites françaises, afin de leur proposer de créer un « club » d’actionnaires, une société d’investissement à même d’accompagner avec bienveillance quelques pépites nationales. Aujourd’hui, 400 millions d’euros ont été levés et investis dans huit entreprises prometteuses, telles que Nature et découvertes, les crèches Babylou, ou encore Actéon… Mais pour contrecarrer les conclusions de Libé, c’est à un autre public qu’il fallait se dédier.
Étape 2 du fonds de dotation RAISE : comprendre où le bât blesse
Tout d’abord, établir un diagnostic. Après une année passée au chevet d’une centaine d’entrepreneurs, les fondateurs de RAISE constatent :
- qu’il existe en France de nombreux dispositifs en mesure de les accompagner efficacement pendant leurs deux ou trois premières années d’existence ;
- mais qu’ensuite, lorsque le chiffre d’affaires des jeunes entreprises atteint le million d’euros, qu’elles sont en forte croissance sans faire encore de profit, les choses se compliquent. Car il s’avère que ce cap requiert une gestion de plus en plus sophistiquée, et toujours plus de fonds (et rapidement). Des paramètres qui s’avèrent fréquemment fatidiques.
50 % des entreprises disparaissent au bout de trois à cinq d’existence
(Étude réalisée en 2016 par RAISE, en Partenariat avec Bain & Company et la Chaire EEE de l’ESCP visant à rapprocher les grandes entreprises françaises et les JEC : « David avec Goliath : l’alliance des grandes et des jeunes entreprises »)
RAISE choisit donc de se consacrer aux entreprises se trouvant à ce stade de leur développement : c’est ce que l’on appelle les JEC (voir encadré plus bas). Par définition, elles ont fait leur preuve de concept et leur problème n’est pas la rentabilité, mais plutôt une accélération brutale de leur croissance, qui les fragilise.
Étape 3 du fonds de dotation RAISE : remédier aux problèmes
Ainsi est née la Fondation RAISE, un fonds de dotation pourvu aujourd’hui de 20 millions. En étant actionnaire de RAISE Investissement, cette fondation perçoit des plus-values sur ses parts. Ses recettes annuelles sont d’environ 1,5 million d’euros par an. De quoi voler au secours de nombre d’entrepreneurs.
Ensuite, comment accompagner la jeune entreprise de façon à la consolider et faire bon usage de ses fonds ? Une fois encore, RAISE met son réseau à la disposition de ses protégés.
Deux formules possibles
- De (très) grands cabinets de consultants travaillent (dans la limite de 150 jours, ce qui est considérable) avec la JEC sur une problématique précise.
- Des cadres issus d’un grand groupe l’accompagnent pendant un an. Aujourd’hui, cinquante couples interagissent ainsi, chacun y trouvant matière à s’enrichir et élargir sa vision de son propre business. Une alliance à ce point stimulante que les groupes demandent eux-mêmes à devenir accompagnateurs (ainsi Bouygues, Safran, les Galeries Lafayette, etc.), conscients que les entrepreneurs leur apportent une créativité et une fraîcheur qu’eux-mêmes ne peuvent plus avoir.
« L’ignorance est un atout, car cela permet de casser les codes. » (Clara Gaymard
Pourriez-vous être accompagné par le fonds de dotation RAISE ?
Rappelons que RAISE s’intéresse aux JEC. Une JEC est une entreprise qui se trouve en phase de développement « post-amorçage », qui répond à ces critères :
- deux à cinq ans d’existence ;
- équipe déjà constituée ;
- traction commerciale avérée ;
- Chiffres d’affaires significatif.
En résumé, RAISE s’adresse à des start-ups en mesure d’être rentables rapidement. Ensuite, si RAISE dispose d’une grille de lecture pour sélectionner ses protégés, il n’y a pas de critères (tel qu’un secteur d’activité, un mode de production, etc.) préétablis. Ce qui prévaut est l’aptitude du candidat à se montrer agile, réceptif et être un entrepreneur dans l’âme, avec toutes les aptitudes et l’humilité que cela implique).
À ce jour, RAISE a étudié 1 500 candidatures, qui toutes ont bénéficié d’un conseil ou d’une mise en relation, mais seules 130 d’entre elles sont accompagnées. Des entreprises dont RAISE estime qu’elles sont en mesure de changer la donne en France. En un an, elles ont connu environ 96 % croissance, doublé leurs effectifs et levé un à deux millions d’euros.
« Les entreprises qui réussissent aujourd’hui ont bien souvent un objet social » (Clara Gaymard)
Le mot de la fin
Grâce aux études menées par RAISE (à l’instar de celle menée avec Bain & Company, qui se penchait sur la façon dont les start-ups et les grands groupes interagissent), ses contacts, et des centaines d’entreprises auditées et/ou accompagnées, Clara Gaymard est en mesure d’affirmer que le vrai sujet qui va changer les choses en France est bien l’acculturation réciproque des grands groupes et des jeunes entreprises.
En étant véritablement ancrées dans deux univers, deux cultures que tout semble opposer, leur mise en relation et l’instauration d’une confiance réciproque sont un challenge plein de promesses, tant il est clair que leur partenariat est positivement explosif.
« On ne peut pas se contenter d’être une bonne personne, de bien élever ses enfants […], de bien faire son travail, on doit s’engager. » Clara Gaymard
Découvrir l’intervention de Clara Gaymard au Wojo Gare de Lyon
À propos de Clara Gaymard
Clara Gaymard, est une personnalité influente du monde des affaires. Membre des conseils d’administration de Veolia, Danone, Bouygues et LVMH, elle a rejoint RAISE en 2012. Depuis janvier 2015, elle est également Présidente du Women’s Forum for the Economy and Society. Auparavant, Clara a été présidente de General Electric France (GE) de 2006 à 2016 et vice-présidente de GE International de 2009 à 2016.
Engagée dans les domaines caritatifs et associatifs, elle s’est toujours conformée à son choix d’un management libéral et progressiste, en s’engageant notamment aux côtés de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).
Son dernier essai, Faut qu’on parle ! Le monde a changé (Plon, 2016), a été coécrit avec sa fille, Bérénice Bringsted. Il confronte les regards des deux femmes (l’une héritière de mai 68 et la seconde, appartenant à la génération Y), sur la société actuelle.
À propos du Women’s forum for the economy and society
Le Women’s Forum a été créé en 2005. Il rassemble des leaders d’opinion (essentiellement féminins), décideurs, entrepreneurs, scientifiques, etc. de différentes générations, et toutes cultures et nationalités, afin de débattre des moyens de renforcer la contribution des femmes à l’économie et à l’amélioration des sociétés partout dans le monde.
Le Forum n’est pas un lieu de combat contre les inégalités, mais bien un lieu d’échange et de débats où l’expertise des femmes peut être entendue : il se décline partout dans le monde et plusieurs fois par an. Chaque année le Women’s Forum Global Meeting rassemble des centaines d’intervenants et organise des sessions, ateliers, etc. La 13e édition est prévue à Paris, les 5 et 6 octobre 2017.