Matière incontournable dans notre société, le papier résiste même à l’ère du numérique alors qu’on annonçait sa disparition. Les entreprises progressent dans la dématérialisation de leurs activités, sans éliminer complètement le bon vieux papier. Pourquoi y reste-t-on attaché ? Quels sont les points forts et les inconvénients de chacun de ces supports ? Comment les utiliser de manière optimale ? On fait l’état des lieux.
Trop de papier tue le papier
Avec près de 900 000 tonnes de papiers et cartons jetées chaque année 1 par les entreprises, il apparaît essentiel de contrôler leur utilisation pour le bien de l’environnement. La sensibilisation constante sur ce sujet contribue à une prise de conscience générale, mais il reste du chemin à parcourir. Le stockage de documents papier continue de peser lourd dans notre consommation : factures, contrats et documents divers s’entassent dans les archives et les étagères des bureaux.
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Dématérialisation : le papier fait de la résistance
Bien que le monde du travail soit devenu accroc à l’e-mail, un salarié sur deux déclare encore ne pas pouvoir se passer de papier. Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), en France, un salarié en consommerait 70 à 85 kg par an. Voilà qui pèse lourd dans la balance ! Quant aux décideurs, ils sont toujours aussi fan de leur imprimante : 73 % des décideurs des entreprises de moins de 500 personnes impriment au moins… quatre fois par jour 2 !
Consommable numéro 1, le papier représente ainsi les 50 % des déchets des activités de bureaux 3. Voilà qui semble plaider pour une accélération de la dématérialisation, mais est-ce vraiment la meilleure solution pour l’environnement ?
Papier contre dématérialisation : le match
De nombreuses campagnes de sensibilisation pour réduire l’utilisation de papier nous ont conduits à associer production de papier et déforestation massive. Le papier est en effet composé à 93 % d’arbres. La production de papier consomme aussi de l’eau, en moyenne 5 litres d’eau pour une feuille A4 ! 3
La dématérialisation des documents professionnels apparaît comme une solution durable et responsable pour réduire notre consommation de papier. Une position qui mérite toutefois d’être nuancée.
L’industrie papetière, acteur de la gestion durable des forêts et du recyclage
L’industrie papetière est un acteur important de la gestion durable des forêts et de leur croissance. Dans les forêts bien gérées, pour un arbre abattu, trois sont replantés. Soit un gain de 82 000 hectares en France en faveur de nos forêts, chaque année. Première industrie du recyclage, elle utilise plus de 66 % de matières recyclées. 4 Le papier est aussi un matériau qui se recycle bien (à condition d’être collecté…). Recycler une tonne de papier permet d’économiser environ 2 520 litres d’huile, 26 500 litres d’eau et 17 arbres 3.
D’autre part, grâce à la cogénération (production de chaleur et d’électricité) et la revalorisation des déchets générés par la fabrication du papier (copeaux de bois, écorces), la filière a divisé par deux entre 2005 et 2015 ses émissions de gaz à effet de serre 6.
Le numérique, poids lourd des émissions de gaz à effet de serre
La transformation digitale rime avec dématérialisation, qui semble pour beaucoup régler par un coup de baguette magique les problèmes environnementaux liés à notre consommation de papier. Là encore, la réponse est plutôt oui, mais…
On a longtemps pensé qu’envoyer un e-mail ou une facture dématérialisée n’avait pas d’impact écologique. Mais c’était oublier que numérique dit connexion internet, serveurs, et donc consommation d’énergie, extraction de métaux pour la fabrication du matériel électronique, recyclage difficile des différents composants, production de déchets… La consommation d’énergie du numérique est en hausse de 9% par an 5, et ses émissions de gaz à effet de serre représentent 4 % du total des émissions mondiales. Les experts estiment que si l’on continue sur cette lancée, elles pourraient atteindre 8 % en 2025 !
Le papier, allié de nos capacités cognitives
Au-delà des problématiques environnementales, le numérique et le papier s’opposent aussi dans la manière dont nous percevons les informations qu’ils véhiculent.
Selon Thierry Baccino le directeur scientifique du laboratoire des usages en technologies de l’information numérique, la lecture sur papier est plus avantageuse d’un point de vue cognitif. Les nombreuses informations qui accompagnent un texte sur écran ont tendance à créer une désorientation. Liens hypertextes, médias, publicités, scrolling, perturbent la compréhension et la mémorisation. Moins fatigante, la lecture sur papier permet une meilleure visualisation et assimilation des renseignements. En plus d’un confort de lecture et de stimulation intellectuelle, le papier est aisément transportable. C’est le support le plus pratique pour réaliser des annotations et fixer les informations. On comprend pourquoi nous avons tant de mal à nous en détacher et à l’éliminer de nos usages quotidiens au bureau.
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En matière de publicité, un meilleur bilan environnemental du papier
Une étude intéressante réalisée par La Poste a comparé plusieurs supports de communication pour évaluer leurs empreintes carbone respectives. Lorsqu’on compare les flyers aux vidéos, le plus vertueux est le… papier. Les vidéos ont en effet un impact 3 fois plus grand que les flyers, et 2,5 fois plus grand que les catalogues 7 ! En cause, l’impact énergétique du stockage et de la transmission des vidéos au format numérique.
Des chiffres qui invitent à réfléchir lorsqu’on s’interroge sur le choix d’un canal de communication à privilégier. On ne vous recommande pas d’imprimer des flyers à tour de bras, bien sûr, mais à s’interroger sur la pertinence de les remplacer par une multiplicité de formats digitaux finalement plus coûteux en termes environnementaux.
Dématérialisation ou papier, les bonnes pratiques pour avancer
Vous l’aurez compris, sur le plan environnemental, il est difficile de décider qui est le plus vertueux entre papier et numérique. Chacun a un impact écologique non négligeable, et leurs bilans environnementaux sont finalement assez serrés, même si leurs impacts sont différents. Encourager un usage sobre et raisonné de ces supports d’information et de communication semble essentiel pour assurer un avenir durable.
Pour un usage raisonné du numérique
En entreprise, il reste du chemin à parcourir pour faire prendre conscience de l’impact écologique du numérique. 69 % d’entre elles ne connaissent pas la consommation énergétique de leur data centers, et moins de la moitié ont mené ou envisagent une optimisation de leur data centers 8.
Réduire l’empreinte carbone liée au numérique de son entreprise nécessite de :
- Optimiser les consommations d’énergie des matériels numériques ;
- Favoriser le réemploi des terminaux et leur recyclage en fin de vie ;
- Développer des matériels éco-conçus ;
- Privilégier les hébergements situés dans des territoires au mix énergétique peu carboné ;
- Améliorer le ciblage de ses formats publicitaires ;
- Réfléchir à l’usage des vidéos dans son activité ;
- Mener des actions de pédagogie sur l’impact environnemental de l’envoi et du stockage d’un e-mail, de l’envoi des pièces jointes, de la vidéo en streaming, etc.
Pour un usage sélectif du papier
Côté papier, des progrès restent à faire aussi ! Seulement 57 % des entreprises indiquent utiliser du papier partiellement ou totalement recyclé 8, et une majorité ne recycle pas (rappelons que c’est obligatoire depuis le 1er janvier 2018 pour toutes les entreprises de plus de 20 salariés).
Pour améliorer l’impact environnemental de l’utilisation du papier en entreprise, de nombreux leviers sont activables :
- Passer au papier 100 % recyclé ;
- Choisir des papiers issus de forêts gérées durablement (labels FSC et PSFC)
- Collecter le papier pour l’envoyer au recyclage ;
- Réduire le grammage du papier utilisé;
- Réduire la concentration d’encre utilisée pour l’impression;
- Améliorer le ciblage de la distribution pour améliorer les taux de lecture;
- Mieux choisir votre fournisseur !
Le mot de la fin
Plutôt qu’un bureau sans papier, l’univers du travail pourrait s’orienter vers un bureau où son usage est réservé aux informations les plus importantes, ou aux attentions particulières. Quant au numérique et à la dématérialisation, ils constituent de formidables outils de communication et de collaboration, mais sans perdre de vue les impacts bien réels qui découlent de leur utilisation. Des éléments à garder en tête pour imaginer un avenir hybride !
1 – Source Planetoscope
2 – Source étude Infotrends, 2016
3 – Source Jungle Print, 2019
4 – Source Le Papier.fr
5 – Source Rapport Pour une sobriété numérique du Shift Project, 2018
6 – Source Enquête La Poste, 2019
7 – Source Baromètre de l’Alliance Green IT, édition 2020