Lorsqu’on se lance dans un projet entrepreneurial ou que l’on est en période de transition professionnelle, le portage salarial apporte une sécurité bienvenue. Mais pas que ! Il peut aussi se révéler plus rentable pour des indépendants déjà bien installés. Décryptage avec Arnaud Colaert, fondateur de PVB et membre de la communauté Wojo.
Le portage salarial, qu’est-ce que c’est ?
Selon le ministère de l’Économie et des Finances, le portage salarial est « une relation contractuelle tripartite dans laquelle un salarié porté ayant un contrat de travail avec une entreprise de portage salarial effectue une prestation pour le compte d’entreprises clientes ». Il permet à tout un chacun d’intervenir en tant que travailleur indépendant, en combinant et/ou conservant les avantages du statut de salarié.
Plus concrètement, Arnaud Colaert, fondateur de PVB, société de portage salarial, l’explique ainsi : « Le portage salarial transforme un chiffre d’affaires en salaire, de manière immédiate, et confère ainsi aux indépendants un statut de salarié, avec les protections sociales et l’assurance chômage liées au statut de salarié. » Le portage salarial peut être le statut unique du travailleur, ou compléter d’un autre statut.
Précisons enfin que le statut du portage salarial est depuis peu régi par une convention collective.
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Les principaux atouts du portage salarial
« Ce que je trouve intéressant dans le portage, explique Arnaud Colaert, c’est que les indépendants bénéficient d’une totale liberté d’action, tout en ayant une protection identique à celle d’un salarié, notamment avec l’assurance chômage.» Rappelons que la loi actuelle prévoit le versement d’indemnités chômage aux salariés (et donc à ceux qui optent pour le portage) à partir de quatre mois ou 610 heures de travail au cours des 28 mois précédents, ce qui peut s’avérer plus intéressant que les indemnités chômage allouées depuis novembre 1019 aux travailleurs indépendants ne recourant pas au portage salarial, avec un montant fixé à 26,30 € par jour.
Le portage salarial permet aussi à des indépendants de bénéficier de contrats collectifs de mutuelle santé, prévoyance, assurances, à des coûts plus intéressants que s’ils les souscrivaient de manière isolée. « In fine, à niveau de protection égale, ils ont un meilleur rendement financier que s’ils étaient à leur compte. » Sans compter le temps gagné sur la charge administrative, et notamment la gestion des contrats, tâche qui empiète souvent sur les week-ends et les soirées des indépendants.
À qui s’adresse le portage salarial ?
On a envie de dire : à tout indépendant, qu’il soit en transition professionnelle, en test de son marché, ou tout simplement à la recherche d’un haut niveau de protection. Les retraités à la recherche d’un complément de revenu peuvent aussi choisir le portage salarial, tout comme les jeunes diplômés désireux de construire leur expérience professionnelle, ou les salariés en cours de reconversion.
Il est vrai que lors d’un lancement d’activité, la quantité de démarches administratives à accomplir, additionnée au risque d’envoyer le formulaire B357-A au lieu du B357-B, effraie plus d’un aspirant entrepreneur. Le portage salarial permet de s’alléger de toute cette partie le temps de tester son marché, ou de la reporter lorsque les bases de l’activité seront bien affermies. « Si l’objectif est à terme d’embaucher, l’indépendant peut démarrer en portage, puis monter sa structure ensuite. Et s’il n’envisage pas de grossir, la solution est pérenne dans le temps. »
Les sociétés de portage salarial participent à la transformation de l’emploi en facilitant la mobilité et la multi-employabilité des travailleurs, notamment sur des profils expérimentés. « Une personne expérimentée ne s’épanouit plus toujours dans l’entreprise, et l’entreprise n’a pas toujours la possibilité de salarier des profils expérimentés dont elle a besoin ponctuellement. Le portage salarial apporte une solution confortable aux deux parties. »
Quand le portage salarial n’est-il pas adapté
Finalement, dans assez peu de situations. « Je pense aux entrepreneurs qui facturent très peu, note Arnaud Colaert. Si c’est temporaire, le statut d’auto-entrepreneur peut être intéressant, en gardant à l’esprit que ce statut offre très peu de protection. » Certaines professions réglementées ne peuvent pas prétendre au portage salarial. Les activités tournées vers le B2C peuvent utiliser le portage salarial sous certaines conditions, mais le schéma ne semble pas le plus adapté aux spécificités de ce marché.
L’addition, s’il vous plaît ?
Tout cela semble formidable, mais alors, combien ça coûte ? « Certaines sociétés de portage annoncent des frais de gestion à 3% du CA, je dis attention, arnaque ! » explique le patron de PVB. « Le secteur facture en moyenne 6 à 12% de frais de gestion, sachant que c’est au salarié porté de trouver ses missions, ce qui nous différencie des plateformes de freelance, qui prennent des commissions plus élevées mais apportent du business. »
Une fois le contrat de portage signé, quand vous rentrez du chiffre d’affaire, le cabinet déduit ses frais de gestion et intègre ensuite différentes variables dans le calcul du salaire net : charges sociales, prime de précarité légale, congés payés, etc. « Chez PVB nous versons en moyenne entre 48 et 52% du chiffre d’affaires généré perçu en salaire net. » Ce qui, quand on additionne toutes les charges qui pèsent sur un entrepreneur, mérite de faire un calcul de rentabilité entre le portage et les autres formes d’emplois.
Quid de la transparence dans tout ça ?
Attention aux outils proposés par la société de portage afin de suivre votre activité, importants pour éviter les mauvaises surprises ou les calculs en votre défaveur. Avant de signer, vérifiez bien les lignes ajoutées aux frais de gestion par la société de portage, et demandez des explications précises pour chacune.
Vous pouvez aussi vérifier que la société de portage est bien adhérente du PEPS, aujourd’hui seul syndicat reconnu sur cette profession, qui a mis en place une déontologie et diffuse des chartes de bonnes pratiques.
Sachez aussi qu’une société de portage est obligée d’avoir une garantie financière pour payer le salarié en cas de défaillance. Cette règlementation vise à sécuriser le futur « porté ».
En cas de non paiement par le client final, c’est le salarié porté qui endosse le risque, mais la société de portage peut, selon les cas, l’accompagner dans les relances de paiement ou proposer une assurance.
Garder l’humain au centre
Enfin, soyez attentifs aux services annexes proposés par la société de portage. Formations à la posture de consultant, rencontres entre professionnels, intégration d’une communauté… constituent autant d’atouts précieux lors du lancement d’une activité. « L’isolement est l’un des problèmes majeurs des indépendants. C’est pour ça que nous avons créé l’Agora des talents qui favorise les rencontres et les échanges de bonnes pratiques, ainsi qu’un catalogue de formations pour progresser dans sa posture d’indépendant, explique Arnaud Colaert. À vous de bien étudier à la fois l’aspect financier, mais aussi l’aspect humain de cet accompagnement dans votre vie d’indépendant.
En bref
Voici les points auxquels prêter attention si le portage salarial vous tente :
- Additionnez vos charges annuelles (cotisations URSSAF, CFE, comptabilité, mutuelle, contrat de prévoyance, assurance professionnelle, etc.) et comparez-les au coût du portage salarial.
- Vérifiez les frais de gestion, et demandez des précisions sur les charges qui entrent en compte dans le calcul de votre salaire net.
- Renseignez-vous sur les services qui accompagnent l’offre de portage.
- Vérifiez que la société qui vous intéresse a adhéré à PEPS.
Merci à
Arnaud Colaert, fondateur de PVB – Portez-Vous Bien, société de portage salarial, Valuego, et de la communauté l’Agora des Talents, un environnement communautaire de partage dédié aux freelances, se définit comme un catalyseur de talents, passionné par les transformations d’entreprises. Grâce au portage salarial, il propose aux entreprises de se doter de solutions innovantes et de compétences ciblées, et aux indépendants de renforcer leur expertise en bénéficiant d’outils de formation et de networking.
1 – Hors Mayotte
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