Un salarié sur deux se dit proche de l’épuisement et les femmes sont les plus touchées.
C’est ce que révèle le 14e baromètre Malakoff Humanis « Santé des salariés et qualité de vie au travail en 2023 » ! Des révélations qui invitent à s’intéresser au mal-être au travail, alors que le nombre de salariés se déclarant en bonne santé ne fait que chuter depuis 2011.

Qu’entend-on exactement par mal-être au travail ? Quelles sont les causes, tant professionnelles que personnelles, qui conduisent à cet état de souffrance qui peut mener au burn out, brown out et autre bore out ? Sommes-nous tous égaux devant le mal-être au travail et quelles solutions pour une entreprise qui souhaite travailler à l’amélioration des conditions de travail de ses collaborateurs ? On fait le point.

I – Le mal-être, une souffrance qui ne connait pas de frontière

À la croisée des défis organisationnels, des risques professionnels et des attentes individuelles, le mal-être au travail chronique a des répercussions sur la santé mentale et donc la vie professionnelle et personnelle des collaborateurs.
Un syndrome d’épuisement psychologique aux ramification multiples, qui impacte la Qualité de vie au travail (QVT) puis la productivité, puis la santé.

Un problème très personnel, qui ne regarde pas l’entreprise ? Ce serait une erreur de le croire, puisque 70 % de salariés affirment que leur mauvaise santé mentale nuit à leur travail (Baromètre Malakoff Humanis 2023).

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    II – Qu’est-ce que le mal-être au travail ?

    a. Définition

    Le mal-être au travail est un état de détresse ou de mécontentement lié aux conditions de travail, aux risques professionnels, au stress, et au harcèlement. Il peut affecter la qualité de vie au travail, la motivation et la productivité des employés et se solder par un brown out, voire un burn out. Pour y remédier, des mesures de prévention et l’amélioration des conditions de vie au travail sont essentielles pour favoriser le bien-être des employés.

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    b. Les chiffres 2023 du mal-être  

    En 2023, 44 % des femmes et 32% des hommes ont déclaré avoir une moyenne/mauvaise santé mentale, pour des raisons d’abord liées à leur vie professionnelles, puis financières (voir plus bas).

    Les femmes sont donc clairement en plus grande souffrance que les hommes. Une situation qui a conduit la Délégation au droit des femmes à tirer la sonnette d’alarme et à déclarer : « Usure physique et psychique, troubles musculosquelettiques (TMS), cancers, violences sexuelles et sexistes (VSS) : les répercussions du travail sur la santé des femmes ne sont que trop rarement prises en compte dans la sphère professionnelle. »

    L’étude Malakoff révèle aussi que les jeunes sont les plus fragiles psychologiquement et se disent « en stress et éprouvés émotionnellement » au travail. Un début d’explication au fait que 47% des moins de 34 ans s’avouent désengagés au travail (Etude menée par Actinéo en juin 2023) ?

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    c. Les conséquences du mal-être sur le travail :

    Puisque 70 % des salariés estiment que leur mauvais état de santé mentale nuit à leur travail, il est difficile de nier l’enjeu que représente le mal-être et la souffrance psychologique pour les entreprises. Comment en effet attendre d’un employé qu’il donne le meilleur de lui-même alors que sa vie est pénible du fait d’insomnies (46%), de fatigue chronique (40%) ou d’anxiété (32%) ?

    Sans prévention, c’est l’engrenage de la perte de productivité, l’erreur ou pire, l’accident du travail, l’absentéisme qui prennent le relais. Les entreprises ne peuvent donc plus estimer que des troubles psychosociaux relèvent de la vie personnelle et ne les concernent pas. Quelle qu’en soit l’origine, elles doivent prendre à bras le corps ce qui devient un véritable sujet de société, en comprenant les raisons du mal-être au travail, puis en essayant d’y remédier.

    III – Quelles sont les causes du mal-être au travail

    L’étude Malakoff nous apprend que 32% de salariés s’estiment en mauvaise santé mentale pour des raisons professionnelles, tandis que 30% attribuent leur état à des facteurs personnels. Pour 31 % d’entre eux, les causes sont à la fois professionnelles et personnelles.

    a.     Origine professionnelle

    Les trois principales causes de souffrance au travail sont :
    – L’intensité et le temps de travail (62 %) ;
    – Les rapport sociaux dégradés (40%) ;
    – Les conflits de valeurs sur le lieu de travail (34 %)..

    Le surmenage constitue à lui seul un véritable fléau. « 45 % des salariés déclarent avoir du mal à gérer leurs priorités (+8 points) » et 46 % redoutent une surcharge de travail due au sous-effectif, ce qui peut affecter la perception de leurs compétences. Les plus touchés sont les managers (54 %), les cadres (54 %) et les moins de 30 ans (52 %).

    La conséquence ? L’empiètement de leur vie professionnelle sur leur vie privée. « 30 % déclarent ainsi travailler de plus en plus souvent chez eux, en plus des horaires de travail (+7 points en 10 ans) et près de 2 salariés sur 5 consultent leurs mails en dehors du travail (+19 points en 10 ans). » Gare au burn out…

    b.    Origine personnelle

    Les raisons personnelles à l’origine d’une souffrance psychologique sont de trois ordres :
    – Les contextes familiaux générateur de charge mentale pour 37 % : parents isolés, salariés s’occupant d’un proche dépendant, perte d’un proche, solitude, etc.
    – Les situations financières compliquées (33 %). Les moins de 30 ans en particulier évoquent cette dernière raison (qui peut être l’occasion de s’interroger sur son salaire) et l’isolement social comme source de mal-être. Un cocktail détonnant sur lequel les entreprises peuvent toutefois agir.
    – Les problèmes de santé physique (31%), dont les troubles musculosquelettiques susceptibles de plomber la vie quotidienne du salarié.

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     IV – Quelques signes manifestes de mal-être au travail

    Reconnaître le mal-être au travail peut être délicat. La difficulté de l’exercice réside dans le fait que chacun est différent et souhaitera le plus souvent cacher sa souffrance de peur d’être jugé, de perdre sa crédibilité, voire son poste. Entrent aussi en jeu la pudeur, la fierté, la culture de l’entreprise et le sentiment de ne pas être entendu.

    Les managers doivent donc être attentif à bien connaître leurs collaborateurs afin de repérer des changements comportementaux et déceler les signaux faibles d’un possible mal-être.
    Les plus courants sont :
    – Une baisse de la motivation et de la productivité.
    – Une perte de confiance ou d’autonomie, et des doutes sur ses compétences.
    – Une diminution de la qualité du travail fourni.
    – Une certaine susceptibilité ou irritabilité qui peuvent provoquer des conflits fréquents au sein de l’équipe.
    – Un stress et une souffrance généralisée manifeste.
    – Une posture négative, des commentaires de découragement (le fameux « à quoi bon »).
    – Des retards répétés, une augmentation de l’absentéisme…  
    – Les employés en proie au mal-être peuvent également présenter des symptômes physiques tels que maux de tête, de dos, insomnies ou problèmes de santé récurrents.
    – Les plaintes concernant les conditions de travail, le stress ou le harcèlement doivent également être entendues.

    V – Comment remédier au mal-être au travail ?

    Que le mal-être soit d’origine personnelle ou professionnelle, l’entreprise peut faire beaucoup pour améliorer la santé mentale de ses employés. Ses deux armes : prévention et action !

    La mise en place de services en faveur de la protection de la santé mentale est d’ailleurs réclamée. 63 % de salariés souhaitent être accompagnés lorsqu’ils traversent une situation de fragilité et 61 % aspirent à recevoir une aide psychologique ou consulter un médecin en cas de coup dur !

    a.     Comprendre les causes de la souffrance psychologique au travail

    Vous avez identifié des signes manifestes de mal-être au travail ? Il faut certes les contrer, mais sans oublier d’en comprendre les origines, au risque de voir le problème se reproduire ou affecter la vie d’un nombre croissant de collaborateurs.

    C’est alors un sujet de management qui doit être pris avec tact et discrétion :
    – À l’échelon global, une enquête anonymisée menée par les RH pourra donner des pistes. Le management est-il en cause ? Les conditions de vie au travail ? La qualité de l’espace de travail ? Le manque de sens ?
    – La collaboration avec un psychologue d’entreprise sera d’autant plus efficace que ce dernier connait la culture et les valeurs de l’entreprise, les problématiques rencontrées par les équipes, leur salaire, etc.
    – Plus direct, l’entretien individuel à cœur ouvert portera ses fruits si l’employé se sent en totale confiance,
    – Des questions indirectes à l’occasion de points individuels pourront aider à lever les tabous progressivement (« Et au fait, comment vas-tu ? puis-je faire quelque chose pour toi ? »).

    b. Déployer des solutions contre les troubles psychosociaux

    La majorité des salariés en situation de stress ou concernés par un trouble de santé n’est pas suivie par un professionnel de santé. Seulement 16 % consultent un psychologue et 14 % un psychiatre. La première étape consiste à faciliter et encourager l’accès à un médecin ou un spécialiste du soutien psychologique.

    Ensuite, on a vu plus haut que l’étude Malakoff révèle que nombre de salariés sont en situation d’épuisement. L’entreprise pourra donc :

    – Se pencher sur les cadences de travail, la répartition des tâches au sein de l’organisation, les objectifs fixés et le stress qui en découle.
    – Envisager des aménagements du temps de travail, faciliter le télétravail dans des espaces de coworking à l’atmosphère chaleureuse et réduire ainsi les temps de trajets.
    – Penser à une meilleure gestion des tâches et des effectifs.
    – Promouvoir l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
    – Mettre en place une communication ouverte au sein de l’entreprise pour favoriser le dialogue sur le mal-être au travail.
    – Organiser des ateliers de gestion du stress. Etc.

    c. Former ses collaborateurs et sensibiliser ses clients à la communication non violente

    D’autres salariés déclarent vivre des relations sociales tendues dans leur quotidien professionnel. « 19 % de salariés déclarent subir des remarques blessantes ou agressives à l’intérieur de l’entreprise » ! Il y a là matière à promouvoir la communication bienveillante, à organiser des formations sur la gestion des conflits, et à renforcer une culture et des valeurs d’entreprise basées sur le respect mutuel.

    À lire aussi : La Communication non violente, un atout de taille

    D’autres encore évoquent des insultes de la part des clients ou du public : là aussi, des mesures sont à prendre pour protéger ses collaborateurs et leur apporter un sentiment de sécurité.

    Le client n’est pas toujours roi : il est essentiel de mettre en place des protocoles de sécurité pour faire face à de telles situations, inacceptables au travail ! Il en va de l’image de marque de l’entreprise et de la reconnaissance qu’elle accorde à ses salariés.

    Le mot de la fin ?

    En résumé, le mal-être au travail gagne des parts de marché et les causes se trouvent aussi bien dans notre vie professionnelle que personnelle. Les signes en sont particulièrement visibles chez les femmes et les plus jeunes. Pour autant, l’entreprise peut changer la donne en offrant au collaborateur éprouvé une ambiance de travail bienveillante, respectueuse et stimulante, une rémunération décente pour éviter les stress financiers, un accompagnement spécifique pour ceux qui en manifestent le besoin, des liens renforcés avec les jeunes en situation d’isolement social, etc. Et vous, vous faites quoi pour adoucir la vie de vos collègues qui montrent des signes de souffrance psychologique au travail ?

    Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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