Encadré par la loi Aillagon de 2003, le mécénat de compétences est un engagement libre de l’entreprise qui, sur le temps de travail, met ses collaborateurs au service de l’intérêt général. Une vision à double sens, car les missions d’apport de compétences concrètes renferment des gains multidimensionnels. Explications.
Aider son prochain se professionnalise ! L’an dernier 24.000 entreprises françaises pratiquaient le mécénat de compétences, selon une étude de l’Admical et de Pro Bono Lab. Pas seulement un mot qui fait le buzz, l’Économie sociale et solidaire (ESS) attire réellement les entreprises. Pourquoi ? La valorisation croissante des politiques de Responsabilité sociale d’entreprise (RSE) est un vecteur de réussite.
Les entreprises ont tout à gagner d’un engagement sociétal
L’augmentation des inégalités, la crise écologique, les catastrophes naturelles ou encore l’incendie de Notre-Dame de Paris, dans ce contexte les entreprises ont un rôle crucial à jouer. On ne parle plus de philanthropie, devenue presque ringarde, mais de donnant-donnant et de situations win-win. Bien que le mécénat financier reste le plus pratiqué (par 92 % des entreprises mécènes), l’enquête Admical témoigne d’une augmentation significative du mécénat de compétences ces dernières années. L’étude note également l’ancrage du mécénat dans une démarche plus pérenne, plus d’un quart (27 %) des entreprises mécènes intègrent cette activité dans le cadre de la mise en place d’une politique de Responsabilité sociale d’entreprise (RSE) plus globale.
Effectivement, les bénéfices dépassent les avantages de défiscalisation et touchent à des problématiques bien plus critiques pour les entreprises. Le recrutement, la cohésion interne et la motivation des salariés découlent d’une vision changée du travail. L’époque est au questionnement : dans quel but besognons-nous ? « Il faut trouver son pourquoi, » nous martelait dès 2012 un certain Simon Sinek. C’est dans ce contexte que le mécénat de compétences peut apporter des réponses tant attendues par les collaborateurs.
Le mécénat de compétences stimule l’humain
Le mécénat de compétences tisse avant tout des liens, au sein même des effectifs de l’entreprise, et entre les salariés mécènes et les membres des associations qui en bénéficient. Même si la mission est choisie par l’entreprise, le mécénat de compétences engage les salariés à titre professionnel et personnel. Il a le double effet de valoriser les compétences des salariés auprès des partenaires ainsi que d’élargir leur champ d’action, d’adapter leurs capacités et tâches habituelles au contexte d’une ONG ou d’une association.
Quant aux ressources humaines dont l’un des enjeux majeurs est la fidélisation des salariés, le mécénat de compétences permet de redonner du sens et d’amener de la nouveauté. Réenchanter le travail par une mission qui a du sens peut venir à bout du sentiment de faire du « sur-place » que nous rencontrons tous à un moment de notre carrière. Le mécénat d’entreprise se transforme alors en redoutable outil de communication interne, dont les participants peuvent en devenir les ambassadeurs. Cette nouvelle dynamique ne passera pas inaperçue et pourra même constituer un argument nouveau lors du recrutement de nouveaux talents.
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Comment établir un mécénat de compétences
Choisir son champ d’action
Aider les plus démunis à trouver un logement, un emploi ou encore proposer son expertise pour soutenir l’avancée d’une cause, il existe mille-et-unes façons de prêter main forte. Il revient à l’entreprise d’orienter son choix en fonction de ses valeurs ou d’un engagement qui fait partie de son histoire. Ou encore, comme nous l’avons vu précédemment, un enjeu territorial ou une problématique business. Les domaines d’action les plus plébiscités sont le social, le patrimoine, la culture et l’éducation. Le but recherché est la coconstruction d’un projet sur le moyen/long terme, pour avoir un impact à une plus grande échelle et contribuer à élargir la sphère d’influence de l’entreprise mécène.
Définir la mission avec précision
Comme toute mission classique, le mécénat de compétences doit s’ancrer dans un cadre clair et répondre à des objectifs précis. Quelle forme prendra l’engagement et quels services seront mis à contribution ? À qui s’adresse cette mission, quels salariés pourront y postuler ? Combien de temps durera-t-elle ? S’effectuera-t-elle en sessions de travail hebdomadaires ou lors d’un détachement temporaire du salarié ?
Valoriser l’expertise des acteurs ESS
Le mécénat de compétences peut s’articuler comme un engagement à double sens. Les acteurs de l’Économie social et solidaire sont souvent bien plus implantés dans leur territoire et ont une maîtrise supérieure des thématiques qui lui sont liées. L’entreprise qui souhaite se positionner via un engagement auprès d’un acteur local devra s’assurer que l’expertise dont il bénéficie en retour est d’une valeur proportionnelle à celle de son don des compétences. Attention donc à bien équilibrer le travail au risque de le convertir dans une mission de consulting.
Clarifier la mission en interne
Ce n’est pas parce que l’on travaille « pro bono » qu’on peut se laisser aller. Les salariés devront être conscients que le niveau demandé sera le même que dans le cadre de n’importe quelle autre mission. Il sera aussi important de développer la confiance entre les niveaux hiérarchiques. La bonne compréhension par toutes les parties prenantes permettra de privilégier les bénéfices de la mission.
Établir des repères de performance
Certaines entreprises engagent un acteur externe ou désignent un responsable mécénat pour déployer les missions et fournir un reporting des actions aux dirigeants. Selon la loi française, dès lors qu’une entreprise décide de devenir mécène, elle doit en informer ses collaborateurs, en partie pour justifier les dépenses supplémentaires. Un bilan sur l’activité sera aussi à communiquer aux collaborateurs afin qu’ils puissent prendre mesure de la contribution de l’entreprise.
Communiquer son engagement
Pour que le mécénat d’entreprise participe à la communication interne, il sera crucial de lui donner la visibilité en le remettant dans la perspective de la mission d’entreprise. La communication interne et externe visera à favoriser le rayonnement des actions déjà effectuées, consolider la marque employeur de manière concrète et enrichir la politique RSE.
Pour développer un mécénat de compétences efficace, le premier pas est de reconnaître que, plus que jamais, les associations jouent un rôle important de cohésion au sein de notre société. En héritier de la philanthropie d’antan, le mécénat ne manquera pas de vous permettre de tisser des liens avec des acteurs de secteurs complémentaires, élargissant ainsi l’écosystème de l’entreprise.