Trouver l’âme sœur en amour, c’est pas facile. En affaires non plus. Choisir le bon associé peut déterminer l’avenir de votre société, d’où l’importance de ne pas se tromper. Peut-on mélanger amitié et business ? Faut-il rédiger un pacte d’associés ? Comment réussir à durer ? On a enquêté au sein de la communauté Wojo et dans ses ramifications pour recueillir les conseils d’entrepreneurs expérimentés.

Vous réfléchissez à monter votre boîte, ou vous avez déjà votre bébé et envisagez de faire des petits en vous associant à une autre structure ? Choisir un partenaire permet d’avoir enfin une oreille dans laquelle s’épancher sur vos questions existentielles, partager les moments de doute comme l’ivresse des premiers succès, bref, quelqu’un avec qui tout partager. Un peu comme un mariage.

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Et comme un mariage, lorsque la belle entente tourne au vinaigre, il peut y avoir de la casse côté business, ce qui serait fort dommage après tous les efforts déployés. Voici donc le B-A.ba des bonnes questions à se poser pour ne pas se rater. 

Célibataire endurci ou à la recherche de l’âme sœur ?

Commençons par le commencement : avez-vous vraiment besoin d’un associé ? Le proverbe africain qui dit « Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. » apporte de premiers éléments de réponse. « Quand tu montes un projet où il faut construire des produits et des services, seul, tu perds beaucoup de temps à ruminer, tu tournes en rond, c’est difficile de trancher, explique Nicolas de Cerner, cofondateur de Merci Max avec Kevin Moriceau. Avoir un associé, c’est découvrir les vertus de l’effet miroir, quelqu’un avec qui confronter ses idées pour les challenger ou les valider, et cela rend bien plus fort. »

Si vous partagez cette vision du business, poursuivez la lecture de cet article. Vous êtes plutôt un loup solitaire dans l’âme ? Poursuivez aussi la lecture de cet article. Sait-on jamais, cela pourrait vous donner de nouvelles perspectives ?

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    Coup de foudre ou mariage de raison ?

    Sur ce sujet, pas de règle, si ce n’est de partager une même vision de l’avenir de votre entreprise au moment où vous décidez de sauter le pas.

    L’histoire de Merci Max a débuté lors d’un week-end entre amis : Nicolas et Kevin s’y sont rencontrés, ont échangé sur leurs projets respectifs, et en ont conclu qu’ils avaient des choses à faire ensemble. « Merci Max a vraiment été la rencontre de nos histoires, et la société s’est construite sur nos deux personnalités », raconte Nicolas.

    Perrine Bruno, cofondatrice de la Causerie Café, à Boulogne, connaît son associée Claudie Thomas depuis des années. « On avait toutes les deux l’envie de monter quelque chose, et à force d’en parler, on s’est dit « et si on le faisait ensemble ? » Notre réflexion commune nous a ensuite amenées jusqu’à l’ouverture d’un restaurant-salon de thé cosy, 100% bio et veggie. »

    Plus que la rencontre entre deux personnes, c’est celle entre deux visions qui pose les bases d’une association réussie. « C’est vraiment important de partager la même confiance dans le projet, souligne Ider Zaouia, fondateur de l’agence de création XYZ Communication. Je parlerais même de foi ! Cela permet de s’épauler à tour de rôle lorsque surviennent les premières difficultés. »

    Complémentaires ou tout pareil ?

    Ce point fait l’unanimité : pour bien fonctionner, mieux vaut être différents. « Il faut trouver l’inverse de soi-même, déclare carrément Nicolas. C’est bien d’avoir des valeurs proches, mais c’est aussi important de s’équilibrer. On évite ainsi la consanguinité de la pensée. » Même son de cloche du côté de Perrine, qui raconte : « Je suis plutôt réservée, alors que Claudie, mon associée, est très extravertie. On se complète : je suis aux fourneaux, elle gère le relationnel avec les clients. »

    Ider, associé depuis 20 ans à sa femme Véronique Berdrin (tous deux anciens collaborateurs de RSCG/Séguéla), insiste sur leur « hyper complémentarité. Je suis conseil et créa en communication et designer de montres, Véronique est en charge de la gestion, comptabilité, finance et logistique. Nos approches sont complémentaires pour construire des solutions concrètes, c’est une grande chance. » Tout est affaire d’alchimie, de combinaison heureuse (ou pas) de personnalités ? Sans aucun doute, pour Kevin, le cofondateur de Merci Max, qui raconte : « Un jour Nicolas m’a dit : « J’aime bien être avec toi en rendez-vous car, si moi j’attise la sympathie étant donné que je parle beaucoup, toi, dans tes interventions, on sent tout de suite ta sincérité, et donc tu ajoutes de la confiance à notre présentation. » Un double « effet Kiss Cool » bénéfique à l’image de leur projet.

    Avoir des parcours différents permet aussi de couvrir un spectre plus large, en misant sur les compétences propres à chacun. Célia*, dont la start-up de fabrication de bijoux a mis la clé sous la porte au bout de dix-huit mois, raconte : « Mon associée venait comme moi d’une filière marketing, on s’est reconverties après nos congés maternités. On trouvait ça génial d’être d’accord sur tout. Au début. Mais lorsqu’il a fallu prendre des décisions, on s’est vite retrouvées à tourner en rond, on ne savait pas se challenger entre nous. »

    S’écouter ou s’imposer ?

    Être différents, c’est bien, mais on doit en même temps être capable d’échanger, de s’écouter, même lorsqu’on n’est pas d’accord. Ider confirme : « Avoir des affinités ne veut pas dire être tout le temps d’accord. On confronte les points de vue, discute de la meilleure stratégie sur un projet, en acceptant d’entendre les idées de l’autre. »

    Cela ne veut pas dire pour autant renoncer à ses convictions, sous peine d’engranger des frustrations néfastes à long terme. Tout est question d’équilibre. « Finalement, c’est comme dans un couple : il faut être constructif et à l’écoute », sourit Nicolas.

    Plutôt fusionnels ou chambre à part ?

    Chacun chez soi, s’écrient d’une même voix nos différents intervenants. « Chez Merci Max, chacun a son domaine de compétences, d’action, et nous partageons une méta-vision, explique Nicolas. Chacun est leader sur ses projets et tient l’autre au courant de leur progression. » La tentation de l’interchangeabilité est dangereuse, on risque alors de se marcher sur les pieds et de brouiller les messages, vis-à-vis de l’externe comme de l’interne. « En revanche, c’est essentiel de se parler de tout, même de ce qui ne semble pas important. Il ne doit y avoir aucun secret. »

    Contrat de mariage ou communauté universelle ?

    Maxime*, ex-associé dans une société de production audiovisuelle, regrette : « On était trois copains, chacun avec une spécialité différente dans le métier de l’image. On a démarré tout feu tout flamme, sauf que rapidement, je me suis retrouvé seul à gérer l’essentiel des projets de la boîte tandis que les autres continuaient à bosser pour d’autres boîtes de prod, mais touchaient les mêmes dividendes que moi. Quand je leur ai demandé de renégocier nos parts, ça a clashé. Depuis, on ne se parle plus et j’ai monté une nouvelle structure. »

    En effet, si la création de statuts est obligatoire lors de la création d’une entreprise, le pacte d’associés (ou d’actionnaires pour les SAS), qui régit les règles du jeu entre lesdits associés, est optionnel. Et pourtant, il est bien utile !

    Pourquoi rédiger un pacte d’associés ?

    • Ce contrat organise les relations et définit les règles du jeu entre associés.
    • Sa rédaction est libre, et peut intégrer des clauses très spécifiques.
    • Départ de l’un des associés ? Divergences stratégiques ? Investissement moindre de l’un des partenaires ? Le pacte préserve les relations en anticipant de nombreux cas de figure.
    • Ce pacte peut fixer les conditions de vente des actions, les clauses de non-concurrence en cas de départ de l’un des associés, prévoir la transmission des parts si l’un d’eux décède, etc.
    • Il peut intégrer des clauses de sortie à six mois, un an, trois ans et/ou cinq ans, pour jalonner les premières années de l’entreprise. Cela évite les bagarres juridiques si on décide de se séparer.

    Tout un tas de chose auxquelles on n’a pas envie de penser au début de l’histoire, et qui s’avèrent fort utiles lorsqu’on découvre que, comme le mariage, gérer une société n’est pas un long fleuve tranquille. Construire un plan d’entrée et de sortie clair pose des bases saines, et invite à confronter la vision à long terme des associés, autre garantie de bonne intelligence.

    Si vous n’êtes pas encore convaincu, ajoutons que ce pacte d’actionnaires se modifie à tout moment, sans formalité ni publicité, ce qui le rend bien plus souple que des statuts.

    Parler d’une seule voix ou chacun son tour ?

    « Un point qu’on ne pense pas toujours à définir en amont, et qui occasionne bon nombre de crispations, c’est la question du porte-parole, déclare Ider. Lorsqu’on communique, qui prend la parole ? Qui met son ego en avant… et l’autre en retrait ? Car après un certain temps, une marque ou une collection montée à deux, risque d’être attribuée à celui qui parle au public et aux médias. » Et à moins de détester la lumière ou d’être doté d’un grand sens de l’abnégation, ce déséquilibre peut occasionner d’importantes tensions. Le sujet est donc loin d’être anecdotique, et mérite d’être mis sur la table, de préférence avant d’être sollicité pour une interview pour le blog de Wojo… ou tout autre média influent !

    Business et amitié, mélange explosif ?

    Quand on s’apprécie déjà, la tentation est grande de se dire « viens, montons cette boîte ensemble, on fera des étincelles ». À l’usage, choisir un associé dans son cercle d’amis s’avère aussi périlleux que choisir ceux avec lesquels on est capable de passer une semaine sur un petit voilier. Travailler ensemble révèle des facettes de la personnalité de nos proches parfois insoupçonnées (bordélique, tête brûlée, tire-au-flanc, tyrannique, etc.). « L’un des meilleurs conseils que l’on m’a donné, c’est de faire un galop d’essai d’un an avec mon potentiel associé, explique Ider. Le temps révèle les tempéraments, la capacité de résistance, la manière d’appréhender les difficultés et comment trouver des solutions. »

    « Le risque, s’amuse le cofondateur de Merci Max, c’est que si on se fâche, on perd un associé et un ami. Cela dépend des amis : il y en a certains avec qui on sait déjà que ce serait impossible de communiquer, et d’autres avec qui cela pourrait marcher. L’amitié n’est pas le sujet, c’est juste ce que tu risques de perdre si les affaires ne se passent pas bien. »

    10 règles d’or pour faire durer la love story avec votre associé

    Si on a bien compris les expériences partagées par nos entrepreneurs, voici les ingrédients d’une association réussie… et durable !

    1. Miser sur la complémentarité des profils.
    2. Partager les mêmes valeurs et le sens du respect.
    3. Partager la même foi dans le projet pour être capable de se soutenir à tour de rôle.
    4. Faire un galop d’essai pendant un an avant de sauter le pas.
    5. Avoir le sens de l’écoute et du dialogue.
    6. Poser des bases saines grâce à une convention extrastatutaire.
    7. Prévoir des portes de sortie temporelles et financières avant de démarrer.
    8. Accepter dès le début que l’on s’associe avec les forces… et les faiblesses de l’autre.
    9. Définir des rôles clairs et précis pour chacun.
    10. Se parler de tout, sans tabou ni secret.

    Vous avez tout noté ? À vous de jouer et de passer votre projet d’association à la moulinette pour donner toutes les chances à votre projet !

    MERCI À NOS RÉSIDENTS WOJO

    Nicolas de Cerner et Kevin Moriceau, fondateurs de Merci Max.
    Cette plateforme novatrice et solidaire met en relation de jeunes retraités et des habitants du même quartier. Bricolage, cours de musique, aide aux devoirs, préparation de repas, menus services du quotidien… vous avez besoin d’aide ? Votre Max est là ! Les Merci Max sont résidents au Wojo de Neuilly.

    Ider Zaouia et Véronique Berdrin, fondateurs de l’agence de création XYZ Communication
    Avec son associée (et épouse) Véronique, Ider accompagne les agences et annonceurs dans tous leurs projets print, digitaux, 3D, vidéos etc. de la conception jusqu’à la réalisation. XYZ Communication est installé au Wojo de Neuilly.

    ET À :

    Perrine Bruno et Claudie Thomas, cofondatrices de la Causerie Café
    Passionnée de cuisine, Perrine a décidé de s’associer avec Claudie, ex-responsable RH dans un grand groupe. Ensemble, elles ont eu l’idée d’un lieu de vie cosy et accueillant, entre salon de thé et restaurant, proposant une cuisine maison 100% bio et veggie. La Causerie Café, 43 rue de l’Ancienne Mairie, à Boulogne Billancourt.

    *Les prénoms ont été modifiés.

    Article rédigé par Clémentine Garnier,
    pour 
    Wojo, Business Humanizer

    Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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