Parce qu’en réfléchissant au future of work et en inventant de nouveaux usages, on a forcément des opinions fortes sur le sujet, retrouvez chaque mois notre tribune sur ce qui nous fait vibrer, nous agace, bref, nous met au diapason des entrepreneurs que nous côtoyons chaque jour dans nos espaces.
« Il/elle perd complètement les pédales ! »
« Dis, ça va les chevilles ?! »
Lorsqu’on ose se lancer, les réactions pas toujours bienveillantes fusent. Oui, entreprendre demande du courage et un penchant prononcé pour la prise de risque. Mais tout patron de PME le sait, si la liberté de ne rendre de comptes à personne donne des ailes au démarrage, la lourde couronne de chef d’entreprise pèse rapidement son poids. Si on entend beaucoup parler de la souffrance du côté des salariés, quid de celle des patrons de PME. Face à l’entrepreneur se dresse un parcours d’obstacles digne de l’Ultra trail du Mont-Blanc, une sacrée trotte qui défie les plus endurants et des dénivelés à en faire jeter l’éponge plus d’un, puis le phénomène du tout dans la tête pour le finish. Alors, comment tenir la distance sans se laisser malmener par la course ?
Des petits patrons qui ont tout de grands
Pire que Koh Lanta, on demande aux dirigeant·e·s de PME d’être des superhéros du quotidien : aussi stratèges que manageurs d’exception, avec une intelligence émotionnelle hors pair, une capacité à se mettre à la place du client tout en étant des négociateurs inégalables, tout cela enrobé dans une belle enveloppe de leader charismatique, et le sourire aux lèvres s’il vous plait.
Selon une enquête menée en 2018 par l’agence de communication Angie, plus d’un tiers des patrons de PME françaises sont jeunes : ils ont moins de 35 ans, suivis de près par la tranche des 39-49 ans. Autre fait intéressant, un quart des PME travaillent à l’international, la maîtrise de la langue de Shakespeare est de mise.
Quelles autres qualités sont demandées à l’entrepreneur ? Être incollable sur les nouvelles réglementations, pour pouvoir ajuster sa stratégie face à un avenir incertain. Amadouer une pression syndicale forte dans certains secteurs, sans oublier de recruter les bons éléments essentiels à la prospérité de l’entreprise. Puis il y a la trésorerie en dents de scie, les licenciements logiques, mais à contrecœur, le souci du bien-être des collaborateurs, le litige avec un client frustré et la concurrence déloyale à déjouer, sans oublier la transformation digitale en marche.
Entre l’administration publique, qui ne lui fait pas de fleur et l’activité qui doit faire vivre tout ce petit monde, le patron de PME peine à reprendre son souffle. Enfin, l’ultime décision redoutée de mettre la clé sous la porte incombe aussi au dirigeant. En somme, il est en première ligne, ce qui à terme laisse des traces sur sa santé. Le saviez-vous ? La santé d’un dirigeant de petite entreprise constitue un capital immatériel.
Comment décrire un citron pressé ?
Quand on n’a plus de jus, chez les êtres humains ça s’appelle le burnout ! Le fameux syndrome d’épuisement professionnel, bien connu chez les salariés, touche également les patrons de PME. À l’ère des mesures de bien-être au travail et d’équilibre vie pro – vie perso, le stress des patrons reste un tabou.
Même si 86 % des dirigeants de TPE/PME se sont déclarés en bonne santé, lors d’une enquête Amarok/Malakoff-Médéric, la plupart dépassent largement les 35-40 heures syndicales, plus d’un tiers font des nuits de moins de six heures et 19 % ont régulièrement des troubles du sommeil. Assumer un rôle de dirigeant de PME est loin d’être une promenade de santé. Bien différent d’une simple dépression passagère, le burnout professionnel trahit une perte de sens et une fatigue profonde.
En plus du surmenage, une autre pathologie est fortement liée à l’entrepreneuriat : en 2016, une étude Bpi France Le Lab révélait que 45 % des dirigeants de PME et ETI souffraient de la solitude. Un sentiment aussi lié à l’aspect professionnel qu’au personnel. Sous l’injonction à faire bonne figure, le patron de PME a du mal à se confier, souvent de peur d’inquiéter les collaborateurs ou même ses proches.
Les remèdes ne sont pas toujours à la portée de tous les dirigeants : réduire les sources d’anxiété (donc ne plus penser à son activité), trouver des activités ou un lieu pour décompresser (avoir le budget et le temps de le faire) et communiquer sur ses soucis pour soulager ses maux (avoir un entourage de confiance). Vous l’aurez remarqué, ces solutions tournent autour de l’humain, alors comment avoir plus de monde dans son coin du ring ?
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S’entourer de supporters
On arrête de se faire violence pour aller de l’avant, l’ère est aux ondes positives bien plus constructives. Voici quelques mesures à prendre pour se sentir moins seul, à vos smartphones, go !
S’armer d’aide au bureau :
- Mettre en place un comité de direction.
Choisissez d’y inclure des administrateurs indépendants qui auront un regard extérieur. - Faire un bilan stratégique régulier.
Sortir la tête du guidon et revoir sa feuille de route permet de repartir sur de bonnes bases. - Faire appel à des freelances compétents.
Ils apporteront une vision nouvelle, et des clés que vous n’aurez pas forcément anticipées. - Adopter un management collaboratif.
Impliquer les collaborateurs dans certaines prises de décisions pour les engager et les responsabiliser au quotidien. - Souscrire à une assurance chômage.
Ce n’est pas pour être pessimiste, mais ne sait-on jamais… En 2017, 50 000 patrons se sont retrouvés sans emploi.
(Re)prendre des forces à l’extérieur :
- Développer
la solidarité entre dirigeants.
Rejoignez un réseau social de dirigeants de PME, en plus de nourrir son carnet d’adresses, le contact et l’échange humain vous montreront que vous n’êtes pas tout seul.e dans ce bateau. - Trouver
son mentor.
Dans la jungle des entrepreneurs aux dents longues, avoir l’avis éclairé d’un entrepreneur plus expérimenté, vaut de l’or : « Notre mentor nous a fait partager son expérience et nous a donné des conseils précieux. Il nous a ouvert l’esprit, nous a aidés à prendre du recul et nous a permis de mieux anticiper nos besoins, notamment pour les embauches clés », explique Mathieu Nebra, co-fondateur d’OpenClassrooms. - Anticiper
les pathologies liées au surmenage.
Prendre du temps pour se ménager quand on le peut, se mettre au vert le temps d’un week-end, éteindre son téléphone pro ne serait-ce qu’une demi-journée par semaine. Passer du temps avec ses proches remet les choses en perspective. - Être
fier.ère de ses choix.
Quels sont vos critères « salutogènes » ? Votre estime de vous, la maîtrise de votre vie, votre grain de folie qui vous permet de relever les défis, la satisfaction face à l’accomplissement, même éphémère ? Faites une liste et relisez-la souvent !
Patron de PME et fier de l’être
On arrête de râler ! Oui, nous avons conscience que c’est notre sport national, et non, vous n’aurez pas de médaille. Adoptez un mental de gagnant :
- Avoir un optimisme à tout casser : « Je préfère voir les opportunités plutôt que les freins », dit Guillaume Gibault, fondateur du Slip Français, quand on lui demande si se lancer dans la filière de la mode made in France n’était pas un gros pari. Rappelez-vous, 100 % des gagnants ont tenté leur chance !
- Savoir avancer dans l’incertitude : « Personne ne comprend où nous allons. Nous non plus. On n’est sûrs de rien. On pédale, c’est tout, » Vincent Ricordeau, cofondateur KissKissBankBank & Co.
Beaucoup négligent le fait que la France est un terreau porteur pour les entrepreneurs en herbe, dixit un expert en la matière : « On n’est pas très conscients de nos atouts, mais la France, c’est génial pour entreprendre. Les créatifs, les ingénieurs, les marketeurs qui en veulent, les banquiers et les business angels constituent un écosystème porteur », affirme au journal Capital Guillaume Gibault, élu Chef d’entreprise de l’année 2018. Et puis le jus de citron c’est bon pour la santé, mais comme pour toute bonne chose, avec modération !