Comment se comporter face à la technologie ? La rejeter, c’est regarder les autres s’en emparer… et rester à la traîne. C’est aussi laisser passer l’occasion d’en faire bon usage. Comme le dit très justement Duc Ha Duong : « la technologie n’est pas mauvaise, ce sont les usages qui peuvent l’être ».

Or le monde de demain, celui de nos enfants, se joue là, sur ce point précis. Découvrez comment revoir votre façon de penser (et donc, de travailler !).

Jeudi 6 octobre, Duc Ha Duong, fondateur d’Officience, nous a fait partager son expérience. Parti créer une entreprise de services numériques offshore au Vietnam, lui et ses associés ont décidé, après quelques années de prospérité, de tout remettre en question. Pour faire cette introspection, ils se sont appuyés sur trois constats, étroitement liés les uns aux autres.

1 – « Marre de bosser avec des cons »

Lorsqu’une entreprise entend donner du sens à son activité (s’inscrire dans la mondialisation positive, créer du lien durable, dans le cas d’Officience), elle ne devrait pas offrir ses services à n’importe qui. Donc, arrêtons de travailler pour faire du chiffre, mais œuvrons plutôt à l’intérieur d’une communauté de valeurs.

La façon de chercher le client a dû être totalement revue, assumée et revendiquée : ce que l’on souhaite désormais c’est un client engagé, qui choisit de se tourner vers nous en raison des valeurs que nous portons, autant que pour le service que nous rendons. Dès lors, faisons « jouer le tam-tam » et parions que notre société peut être rentable en ne nous adressant qu’à nos semblables…

Comment ? En faisant grandir notre communauté, en « évangélisant » des prospects, plutôt qu’en cherchant un client à tout prix.

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    2 – La pression sociale, ça peut être bien

    Un positionnement qui ne peut toutefois fonctionner que si, en interne, chaque collaborateur incarne lui-même les valeurs d’Officience. Il convient alors de sélectionner (ou d’attirer) des employés qui viennent, non plus travailler pour une entreprise, mais pour une cause.

    Une fois ceci posé, c’est toute l’organisation managériale de l’entreprise qui se retrouve impactée[1].

    Car, lorsque mon activité professionnelle fait sens pour moi, ai-je besoin d’un manager qui me dise quoi faire, quand et comment ?  Si tous ensemble nous tendons vers le même but, la prise de décision se trouve naturellement régulée par ma communauté professionnelle, qui me guide, me met en garde et me conseille naturellement, via trois échanges « non marchands » (abondants, non quantifiables et impermanents) : la connaissance, la confiance et l’émotion.

    Et pour peu que chacun joue le jeu de l’intégrité, cela donne un modèle de management… qui fonctionne plutôt très bien !

    3 – Le taylorisme, c’est le moyen-âge (donc finissons-en)

    Notre rapport au travail, produit austère des règles édictées par les théoriciens de la révolution industrielle, nous insupporte de plus en plus.

    L’absolue séparation entre les sphères privée et professionnelle, l’entreprise régie par les deux seuls flux marchands : échanges de matières, et échanges financiers (les trois autres flux, subjectifs et instables par essence, étant catégoriquement rejetés à l’extérieur de l’usine), ne saurait perdurer. Taylor avait certes créé là un modèle fort efficace en termes de production (mais qui ne nous a pas conduits au bonheur, si ?), mais à l’ère du 3.0, et de la montée en puissance de l’information liquide, cette séparation entre travail et vie privée n’est plus possible ! Car la transparence imposée par la transformation digitale nous rappelle tout à coup que nous ne sommes pas schizophrènes 😉 : oui, il est insupportable d’être contraint de laisser ses valeurs, ses doutes ou son enthousiasme à la porte de l’usine le matin. Et oui, on peut faire différemment.

    Pour accepter l’idée que les flux non marchands (connaissance, confiance et émotions) ont leur place dans le monde du travail, il faut bien sûr croire en notre capacité à interagir ensemble et vouloir remettre l’Humain au cœur de l’entreprise. Mais n’est-ce pas ce à quoi nous aspirons tous ?

    Voici comment, fort de ces trois axes de réflexion, Duc Ha Duong a imaginé Officience telle que nous la connaissons aujourd’hui. En préconisant à ses collaborateurs de laisser entrer les cinq flux dans « la maison », il a fait le pari d’une communauté qui porte haut ses causes, et d’un modèle d’affaire pérenne. Pari gagné.

    Certains penseront peut-être que l’histoire s’achève sur ce happy end… alors qu’elle ne fait que commencer. Car en cherchant des solutions en tant que chef d’entreprise, Duc a jeté les bases d’une réflexion systémique sur notre façon de prendre les meilleures décisions possibles, pour nous et pour les autres (tant sur le plan professionnel que personnel). Dès lors, la nécessaire évangélisation des prospects évoquée en 1 a pris une toute autre dimension pour Duc Ha Duong : il s’agit désormais de témoigner auprès du plus grand nombre, afin de faire grandir sa communauté.

    Épilogue

    Duc, un barbare ?

    Duc se compare à un barbare, un « étranger » : celui qui vit à l’extérieur de la polis (cité grecque) et dont la différence effraie les citoyens.

    [1] Lire à ce sujet Frédéric Laloux : http://www.reinventingorganizations.com/

    Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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