Favoriser l’équilibre vie pro et vie perso : les salariés y gagnent, l’entreprise aussi

Comment concilier travail et vie privée, emploi et contraintes personnelles, notamment lorsqu’on a des enfants ? Telle est la préoccupation des salariés du nouveau millénaire. Génération X, Y, et bientôt Z, chacune s’est construite en des temps différents, et pourtant toutes convergent vers la même ambition. Les entreprises l’ont bien compris et investissent pour aider leurs salariés à satisfaire cette nouvelle aspiration. Un procédé qui, derrière l’image de la société soucieuse de ses collaborateurs, rejoint un objectif de rentabilité et d’attractivité sur le long terme. Favoriser l’équilibre vie pro vie perso : quel intérêt pour votre entreprise ?

Concilier vie professionnelle et famille : un intérêt financier pour les entreprises

La conciliation de ses activités professionnelles avec sa vie familiale dans la même semaine est encore perçue comme un problème individuel. Il incomberait aux employés de s’organiser pour gérer de front, dans la même semaine, les courses de fournitures du petit dernier, le rendez-vous médical d’un parent âgé, les réponses à leurs nombreux mails et la réunion codir sur la stratégie commerciale. On réalise bien que, sans soutien de l’employeur pour gérer ces événements de la vie familiale, le défi est impossible à relever.

Bonne nouvelle ! Les mentalités évoluent, et les entreprises perçoivent de plus en plus l’intérêt de se montrer souple avec leurs équipes dans l’organisation du temps de travail. Un intérêt au sens propre, puisqu’une étude suisse a même mesuré le gain financier à la clé.

En 2005, cette étude a démontré que 100 euros investis par l’entreprise en faveur de la parentalité lui rapportaient 108 euros. « Le calcul est fait », comme l’explique dans l’Express Edouard Carle, directeur général de Babilou, leader des crèches d’entreprise.

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Des dirigeants d’entreprise conscients des enjeux et attentes

L’Étude annuelle « Famille et Entreprises », dirigée par l’institut Viavoice, a confirmé l’intérêt des entreprises sur le besoin de concilier travail et famille. Ce sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 303 décisionnaires, dirigeants d’entreprise et directeurs des ressources humaines dans des entreprises de 50 salariés et plus. Beaucoup d’entreprises reconnaissent la valeur qu’il y a à favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée de leurs employés. Quelques chiffres éloquents :

• 83% des interrogés confirment que trouver le bon équilibre entre vie privée et professionnelle représentera un enjeu central dans les années à venir ;
• 67% d’entre eux estiment que c’est à l’entreprise et au management, et non au salarié seul, d’agir en faveur d’un meilleur équilibre travail-famille ;
• 58% considèrent que le parcours personnel du salarié (mariage, naissance, décès d’un proche, etc.) devrait être davantage pris en compte par les entreprises ;
• Seuls 21% n’y voient qu’une nouvelle charge financière, alors que 79% y voient au contraire un « levier de durabilité » et surtout, « de performance ».

Rappelons aussi que dans l’équilibre travail et famille, la question de l’éloignement du bureau et des temps de trajets pèse lourd au quotidien. Les entreprises qui souhaitent aider leurs salariés à mieux concilier leurs sphères professionnelles et personnelles ont intérêt à installer leurs bureaux dans des zones bien desservies, voire d’envisager des bureaux en réseau leur permettant de travailler certains jours à proximité de chez eux.

Concilier vie pro et vie perso : quels avantages pour l’entreprise ?

83% de dirigeants qui voient dans l’équilibre travail-famille un enjeu central pour les années à venir. Voici ce qui ressort comme bénéfices pour l’organisation :

• 44% des dirigeants y voient une façon d’améliorer le bien-être de leurs salariés ;
• 42% de fidéliser leurs salariés ;
• 36% d’améliorer la performance globale de l’entreprise ;
• 36% d’accroître la motivation au travail ;
• 29% de réduire l’absentéisme et les retards ;
• 20% d’améliorer la qualité des relations au sein de l’entreprise ;
• 10% de faciliter le recrutement de profils à haut potentiel (seulement, oui).

Alors qu’en 2020, 46 % des femmes, contre 29 % des hommes, consacrent au moins une heure chaque jour à leurs enfants ou pour prendre soin d’un proche dépendant, selon l’Observatoire des Inégalités, aider à concilier une vie familiale équilibrée et temps professionnel est aussi un enjeu de parité à ne pas manquer.

Mieux concilier travail et famille rime avec meilleure efficacité au travail

Une animation « Se faire obéir par ses enfants dès la première demande » d’Anne Peymirat, célèbre « consultante en parentalité » pour le compte de grandes entreprises, aurait affiché un record de participation chez EDF. Car les tracas familiaux contribuent à grignoter le temps de cerveau disponible des salariés, qu’ils soient cadres ou pas. Apporter aux papas et mamans des conseils avisés sur leur lieu de travail montre le souci de l’entreprise de les soutenir dans tous les aspects de leur quotidien, y compris privé.

Une meilleure productivité de la part de ses collaborateurs, baisse des taux d’absentéisme, la prévention des risques psychosociaux, de burn-out, de démotivation… la liste des avantages pour l’entreprise qui favorise l’équilibre travail-famille est longue, comme le rappelle l’article de l’Express.

Comment opérer la transition vers un meilleur équilibre travail famille pour les parents ?

La même étude liste des idées jugées pertinentes par les dirigeants pour basculer vers un modèle permettant de mieux concilier travail et famille.

• 77% plébiscitent des horaires de travail aménagés ;
• 70% veulent un accompagnement individualisé au retour d’un congé maternité ou paternité ;
• 63% recommandent une aide pour trouver un logement limitant le temps de trajet domicile/travail ;
• 45% proposent une demi-journée de congé « rentrée scolaire » payée ;
• 44% suggèrent la mise en place de crèches d’entreprise, pour développer le bien-être au travail
• 38% envisagent la mise en place d’un système de télétravail, une organisation que la crise sanitaire a largement contribué à démocratiser.

Le lieu de travail, pivot d’une politique RH soucieuse du bien-être des salariés

À ces idées s’ajoute la recherche de bureaux moins éloignés du domicile des salariés, afin de libérer du temps libre en passant moins de temps dans les transports. Cela passe par la mise à disposition de bureaux flexibles pour les collaborateurs en télétravail. L’objectif ? Faciliter l’organisation du quotidien, tout en permettant aux employés de travailler en dehors de la maison, et assurer ainsi une déconnexion tangible entre les univers pro et perso. Des opérateurs d’espaces de travail partagés comme Wojo accompagnent les entreprises dans la transformation de leur organisation.

Quels autres leviers pour favoriser l’équilibre entre vie pro et vie perso ?

Cette transition passe aussi par une flexibilité horaire donnée aux employés dans l’organisation de leur travail, et des horaires de réunion d’équipe respectueux du planning des pères et des mères qui doivent déposer un enfant à l’école, ou le récupérer à une activité.

Le temps partiel peut être étudié avec le manager si un salarié en fait la demande, pour une période donnée ou de manière permanente. Ce choix ne doit pas bien sûr être imposé par l’entreprise sous peine de générer frustration et sentiment d’incompréhension.

L’octroi de congés exceptionnels (enfant malade, aide à un proche dépendant, déménagement, etc.) permettra aux employés de répondre à leurs contraintes personnelles sans empiéter sur leur temps de travail et sans piocher dans leurs congés « classiques ».

N’oublions pas aussi l’importance de bien gérer les retours de congé paternité, congé maternité ou congé parental. Par exemple, proposer à un jeune parent une promotion ou une évolution de poste est un excellent levier de remotivation et de fidélisation dans cette période essentielle de sa vie privée.

À lire aussi : Déménager grâce au télétravail : 7 questions à se poser avant

Un accompagnement de plus en plus personnalisé

À l’aube du XXI^e siècle, l’accompagnement des entreprises d’un point de vue de l’équilibre entre vie pro et vie perso suit les attentes d’individualisation toujours plus fortes de la part de leurs salariés. Ils veulent accomplir leurs tâches quotidiennes personnelles et professionnelles avec la même disponibilité, ce qui passe par des moments réservés dans leur agenda.

La prise en compte de ces attentes dans une politique RH favorable à la parentalité et à l’équilibre vie pro / vie perso a le privilège d’attirer les générations Y et bientôt Z, tournées vers un nouveau rapport au travail, nomades et réticentes à l’idée de sacrifier famille et amis sur l’autel de leur carrière.

Alors, garde d’enfants ou portail intranet « SOS nounou », soutien scolaire ou consultations pédiatriques au bureau, conseil dispensé par des professionnels du coaching parental ou encore journées portes ouvertes à l’entreprise… pour les enfants ! Les grands groupes redoublent d’inventivité pour que les étapes de la vie d’un salarié se passent dans la plus grande fluidité.

Les entreprises dépassent-elles les bornes ?

Tout en voulant agir en faveur du bien-être des salariés, les sociétés s’immiscent de plus en plus dans le quotidien et dans la vie privée de leurs salariés. Les sujets laissés à la porte des entreprises il y a une dizaine d’années se transforment en thématiques appréciées, discutées et traitées par des professionnels. Et ce qui semblait jadis suspect, quand l’entreprise paternaliste tentait une incursion dans la vie privée des familles pour mieux les contrôler, est aujourd’hui transformé en ode à l’entreprise idéale.

Mais alors, les entreprises vont-elles trop loin ? Si beaucoup de collaborateurs reprochent à leur employeur de ne pas en faire assez en faveur de leur équilibre de vie, sachez que certains en font trop. L’ouvrage de Carl Cedeström et André Spicer, Le Syndrôme du bien-être, consacre une partie au détournement qu’ont fait les entreprises de la quête de bien-être de leurs salariés.

L’Express reprend un autre exemple dans son article Quand les entreprises s’immiscent un peu trop dans le bien-être de leur salariés. Le dirigeant de l’entreprise américaine Aetna, spécialisée dans les assurances santé, a fait la une avec une idée révolutionnaire dans le domaine des RH. Il offrait des primes allant jusqu’à 25 dollars pour ses salariés pouvant prouver leur sommeil réparateur. À l’appui, un bracelet Fitbit fournissait toutes les données relatives à la nuit passée ! L’ère de Big Brother qui a hanté les écrivains des années 60 peut-elle refaire son apparition ? D’autres exemples humoristiques sont à découvrir dans l’ouvrage.

On peut retenir de ces exemples que l’équilibre entre vie pro et vie perso se construit en concertation avec les salariés, en organisant une consultation interne sur les leviers qu’ils souhaitent privilégier.

Le mot de la fin

Aujourd’hui, pour renforcer son attractivité, fidéliser ses talents et optimiser sa rentabilité, une entreprise doit tenir compte du souhait de ses salariés de concilier vie pro et vie perso. À elle d’assurer la formation de ses managers pour les aider à composer avec des situations personnelles très variées et encourager l’épanouissement de chacun. L’employeur doit aussi créer des conditions favorables au télétravail, grâce à des outils collaboratifs performants et des bureaux à distance pour garantir à toutes et à tous de bonnes conditions de travail, même en dehors du siège.