Comment allez-vous aujourd’hui ? Quoi de neuf, chez vous ?
Au travail aussi, nous devrions nous intéresser aux autres, les écouter et leur faire sentir leur valeur. C’est en tous cas ce que les espaces de travail collaboratif comme Wojo prônent.
Chacun a pu en prendre la mesure durant la pandémie : si on ne prend pas garde à préserver la qualité du lien social au sein de nos équipes, alors la solitude risque de s’inviter chez certains d’entre nous.
Pourquoi est-ce si important ? Éclairage.
Quatre types de lien social
Le sociologue Serge Paugam décompose le lien social en quatre sphères qui aident à comprendre leur importance dans notre vie :
– le lien de filiation se rapporte à la famille biologique, on ne le choisit pas. Il contribue à l’équilibre de l’individu dès sa naissance en lui assurant « à la fois protection (soins physiques) et reconnaissance (sécurité affective) ». Il a une fonction socialisatrice et identitaire clef, puisqu’on se construit dans cette première sphère.
– le lien de participation élective, c’est la socialisation choisie au cours d’une vie : les amis, les institutions religieuses, sportives, culturelles, etc. On y apprend à se faire accepter, trouver sa place et s’affirmer, tout en ayant la liberté de placer le curseur où l’on veut.
– le lien de participation organique couvre les sphères scolaires et professionnelles : c’est l’apprentissage, puis l’exercice d’une fonction déterminée dans l’organisation du travail. Grâce à lui nous assurons notre survie matérielle nous-même ; une indépendance essentielle dans une société comme la nôtre, car elle conditionne la place que nous occupons dans la société.
– enfin, le lien de citoyenneté nous permet d’affirmer notre appartenance au groupe de la Nation et concerne nos droits et devoirs envers elle.
Le lien social comme miroir
Ces quatre types de liens se mêlent, se resserrent ou se détendent tout au long de notre vie : ils sont faits d’interactions, de relations d’interdépendance (affective ou matérielle), de rapports de force, de coopération…
À chacun son histoire : d’un individu à l’autre, les liens de filiation, de participation élective ou organique et de citoyenneté, ont plus ou moins d’importance, parfois bien malgré nous. Certains liens sont source de satisfaction ou de sécurité, d’autres sont pesants, d’autres, purement fonctionnels mais néanmoins indispensables… C’est la vie !
Toujours selon Serge Paugam, « l’homme est lié aux autres et à la société, non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son existence en tant qu’homme ».
LE GUIDE GRATUIT POUR BIEN CHOISIR VOS BUREAUX
- Décryptez le prix par poste d'un bureau flexible
- Optimisez vos charges immobilières
- Bureaux flexibles vs bureaux traditionnels : le match
- Bien choisir son bureau flexible
- 3 études de cas d'entreprises : grand compte, PME, start-up
De l’importance du travail
Dans notre société, le travail, qui procure un salaire, permet donc de nous assumer et de ne pas être une charge pour autrui.
Il permet aussi d’accéder à la société de consommation : une dimension qui a pris une place considérable comme facteur d’intégration et de reconnaissance sociale... Nul besoin de s’étendre.
Ensuite, idéalement, le travail doit représenter plus qu’un moyen de subvenir à ses besoins : parce qu’il repose le plus souvent sur la coopération et la solidarité au sein de l’entreprise, ou parce que l’entreprise pour laquelle on travaille nous rend fiers, notre emploi donne un sens à notre quotidien, nous permet de nous sentir utile, de valoriser nos qualités et compétences, etc. Il a ainsi vocation à être source d’épanouissement et d’accomplissement.
Mais nous ne cochons pas toujours toutes les cases, alors que notre besoin de reconnaissance, lui, est bien là. Or de notre propre point de vue, parfois bien plus que de celui d’autrui, notre statut social est étroitement lié à notre identité professionnelle.
À lire aussi : Travailler en famille, les clés de l’entente
Le lieu de travail, espace social indispensable
Le travail permet aussi d’avoir des relations sociales cordiales, de rire, d’apprendre, de nous ouvrir sur d’autres centres d’intérêt… Dès 2019, le baromètre IFOP Paris Workplace estimait que « le bureau est d’abord un espace social, avant d’être un espace de travail », car les salariés viennent « au bureau d’abord pour « la vie sociale avec leurs collègues » à 42% (première raison citée) ». On enfonce le clou : pour 37% de Français, ce qui contribue le plus à leur épanouissement au travail est la possibilité de « développer des relations conviviales avec leurs collègues et ceux qui les entourent au travail » (Etude Inkidata pour Wojo, 2019).
Une perception confirmée par les actifs en home office pendant le premier confinement (étude Odoxa, avril 2020) :
– 72% affirmaient que cet épisode était favorable à la réflexion sur « l’intérêt qu’ils éprouvent à croiser du monde tous les jours au travail »
– 74% déclaraient que le télétravail isole les salariés.
On comprend alors qu’au-delà du management, l’environnement et l’écosystème dans lequel nous évoluons quotidiennement peuvent être déterminants dans notre construction : pouvoir interagir avec des pairs, évoluer dans une atmosphère bienveillante, être stimulé… Pour cela, nombre d’entreprises se tournent vers des bureaux dans des espaces de coworking dont l’ADN préserve (et même favorise) les relations sociales.
Le chômage partiel
À la lecture de cet article, on aura compris que la crise que nous traversons, et notamment le chômage partiel, est réel un danger pour notre représentation de notre statut social. Ne plus être utile, se sentir en sursis, faire partie des équipes qui sont coupées de l’entreprise pendant que les fonctions essentielles au maintien de la continuité d’activité mettent les bouchées doubles, se retrouver en marge est une épreuve. Les managers ont alors un rôle à jouer : rassurer, communiquer, valoriser, inviter à mettre le temps libre à profit…
Le télétravail
Le 100% télétravail est lui aussi montré du doigt avec raison comme pouvant éroder le lien social au travail. Les études n’ont pas manqué ces derniers mois, pour démontrer que les relations sociales digitales ne suffisent pas à un être humain pour se construire ou s’épanouir dans la durée. Un collaborateur qui n’interagit plus qu’à distance avec le reste des équipes risque de se désolidariser peu à peu, au détriment de la cohésion interne de l’entreprise.
Voilà pourquoi on recommande souvent de limiter le travail à distance à trois jours par semaine, et que des espaces de coworking comme Wojo ont développé des solutions qui permettent aux collaborateurs nomades de toujours disposer d’un lieu où se réunir physiquement, où qu’ils se trouvent, et dans les espaces où ils sont accueillis par des équipes sensibilisées à l’importance de la convivialité sur le lieu de travail.
Le confinement
Mais que peut-on faire en période de confinement, lorsque la situation sanitaire nous contraint à rompre (totalement ou partiellement) à la fois nos liens de filiation, de participation et de citoyenneté ?
Les managers doivent redoubler d’attention (en particulier envers les collaborateurs qui leur semblent avoir une palette de liens sociaux moins large que d’autres) et essayer de prévenir les effets délétères de la solitude, du désengagement : la meilleure façon d’agir est de sensibiliser toutes les équipes à l’importance de veiller les uns sur les autres. Prendre des nouvelles, même si on n’a pas de raison professionnelle de se parler, exprimer son plaisir d’interagir avec la personne, ouvrir un peu la porte de la sphère personnelle, bavarder, féliciter pour le travail fait et valoriser les qualités… enfin, se montrer vigilant et ne pas hésiter à alerter les RH en cas de doute.
Finalement, tout simplement, être généreux, cultiver peut-être un peu plus activement que d’habitude ce lien social dont nous avons de toutes façons tous besoin, et rassurer ses collaborateurs : ce n’est pas parce qu’on ne se voit pas, que l’on est confiné, en télétravail ou en chômage partiel, que ce lien va nécessairement disparaître. En tous cas, cela ne dépend que de nous.