Processus d’amélioration continue, le kaizen est une méthode de gestion d’entreprise à la japonaise qui prône le changement en douceur. La simplicité et l’économie de budget sont également au cœur de cette représentation du temps et du travail. On rentre dans le détail de la pratique et on se demande comment l’appliquer au sein de l’entreprise française.

Kaizen, l’humain avant l’outil

Tandis que la transformation digitale est en marche, de nombreuses PME françaises ont encore du mal à passer le cap. Sur les trois millions de petites et moyennes entreprises en France, seules deux entreprises sur trois possèdent un site Internet. C’est un peu révélateur de l’état d’esprit de bon nombre de dirigeants. Ils ne sont pas encore prêts pour le changement. Et on les comprend. En effet, à quoi bon tout changer, quand on a le sentiment que notre mode de fonctionnement actuel porte encore ses fruits ? C’est que le changement, c’est compliqué, surtout quand il s’agit de changer ses habitudes. Il faut se familiariser avec l’outil, comprendre son fonctionnement, réussir peu à peu à l’intégrer à son quotidien. Bref, cela ne se fait pas du jour au lendemain.

Et ça, les Japonais l’ont bien compris avec le kaizen, notamment. Plus qu’une méthode de gestion et de management, le kaizen est un état d’esprit, une philosophie, qui vise à faire les changements petit à petit. On parle en français d’« amélioration continue », et on se rapproche furieusement de la méthode lean. Il s’agit d’accompagner le changement marche par marche, sans forcément vouloir bouleverser totalement les habitudes. Ainsi, avec le kaizen, plutôt que de décréter que le lundi 10 janvier à dix heures, on change tout et on recommence, on prend le temps d’analyser et de faire les modifications au fur et à mesure. L’agilité découle également de ce fonctionnement par itérations qui vise à gagner en temps et en efficacité, via la mise en place d’un groupe pilote, avant un déploiement à plus grande échelle.

« Mieux qu’hier, moins bien que demain »

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    Kaizen et innovation, un bon duo ?

    Toutefois, disons-le clairement, l’intérêt du kaizen ne réside pas seulement dans une quête d’amélioration continue. Cette méthode historiquement mise en avant chez Toyota par Taiichi Ohno à la fin des années 1970, a en plus un gros avantage : elle permet de faire des économies de coût. L’un des objectifs est d’éviter le plus possible le gaspillage et de trouver pour chaque problème, des solutions à moindre frais. Tant et si bien que cette méthode est toujours d’actualité chez Toyota pour la construction de leurs voitures actuelles et qu’elle a plutôt fait ses preuves.

    Mais il y a quelques mois de cela, c’est pourtant le directeur du Toyota Research Institute

    qui a lui-même remis en question cette méthode, ou philosophie. Gill Pratt évoquait alors le travail de recherche et développement effectué par Toyota concernant une voiture autonome : « C’est le kaizen qui a fait la renommée de Toyota. Mais ce principe ne fonctionne que si le changement technologique est graduel. Le véhicule électrique et autonome amène un nouveau paradigme. Personne ne peut dire ce qui va se passer, il faut explorer des voies radicales et échouer, avant de trouver la bonne direction. » Toyota ne va certainement pas abandonner le kaizen de sitôt, mais dans un cas comme la voiture autonome, on ne cherche pas à améliorer progressivement, mais à faire un bond. Il faut alors changer de vision, et passer par une méthodologie complémentaire du kaizen. On parle de kaizen blitz ou de Kaikaku, qui désigne un « changement brutal ».

    Concernant les entreprises françaises, et notamment ces PME qui ont parfois du mal à faire le pas vers cette transition digitale, le kaizen peut être une bonne méthode pour s’installer progressivement dans le changement. Il demande toutefois une vision. Il s’agit de savoir vers où il faut aller, d’avoir une projection sur le long terme du business de l’entreprise et de la concurrence, permettant aux collaborateurs et équipes de se réunir autour de cet axe de développement et de s’y inscrire. Pour les start-up cherchant à « disrupter » le marché, le kaikaku sera par contre plus indiqué pour commencer, mais le kaizen peut très rapidement venir s’imbriquer dans la gestion quotidienne.

    Quand le management devient Kaizen

    Le kaizen implique par ailleurs un type de management bien particulier. Car tous les collaborateurs sont sollicités, afin de faire émerger l’amélioration continue. Et pour cela, il faut être en mesure de faire apparaître une intelligence collective. Chacun doit avoir la possibilité d’évoquer les points qu’il serait possible d’améliorer dans le travail, dans un dispositif non plus pyramidal, mais transversal.

    A l’heure où l’on parle de nouveaux types de management et même de bien-être au travail, le kaizen reste toujours d’actualité, tout comme le lean management qui en découle. Ce qui a changé entre la mise en place du kaizen par Toyota et le management d’aujourd’hui, ce sont certainement les mentalités, mais aussi, et surtout les outils de la collaboration. Le numérique a changé la donne. Désormais, grâce aux réseaux sociaux internes notamment, il devient plus facile de collaborer d’une toute nouvelle façon. L’information circule, les échanges se créent entre les différents services et il devient plus naturel de réfléchir ensemble pour trouver des solutions.

    Ainsi, le kaizen d’il y a 50 ans ne peut pas être le kaizen d’aujourd’hui. En plus d’un objectif d’efficacité et de productivité, toute méthode de gestion et de management doit comprendre désormais comme objectif le bien-être des collaborateurs. Il ne s’agit pas seulement de faire des économies de coût, il s’agit d’insuffler une méthode permettant d’évoluer, de se transformer pas à pas, sans pour autant oublier les talents de son entreprise. Le travail a changé, les attentes des collaborateurs ont changé et il est toujours bon de ne pas l’oublier.

    Article rédigé par Aurore BISICCHIA
    pour Wojo, Business Humanizer

    Crédit image : Photo by Aperture Vintage on Unsplash

    Au fait, chez Wojo on ne fait pas qu’écrire !

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