La mobilité professionnelle recouvre de nombreux enjeux : géographique, interne, externe… dessinant des parcours professionnels propres à chacun. Entre chambardement post crise sanitaire et nouvelles attentes des collaborateurs en termes de flexibilité, le marché du travail s’adapte afin de proposer de nouvelles organisations du travail. Vue d’ensemble des opportunités sur ce sujet, et zoom sur la nécessité de mettre en place des mesures d’accompagnement à la mobilité.
Les définitions de la mobilité professionnelle
Il n’existe pas une mais plusieurs mobilités professionnelles derrière un terme unique :
- La mobilité professionnelle géographique
- La mobilité professionnelle interne
- La mobilité professionnelle externe, vers une autre entreprise
Un scénario pouvant se combiner à un autre, comme par exemple une mobilité professionnelle géographique engendrée par une mobilité interne, ou une mobilité externe qui nécessite un changement de région. On parle aussi de mobilité pour évoquer la capacité d’un travailleur à s’éloigner de son lieu principal de travail, ou à changer de lieu principal de travail en fonction de son plan de carrière, et/ou de ses contraintes personnelles.
Mobilité professionnelle interne ou externe
La première implique un changement de poste au sein de son entreprise actuelle, de manière temporaire (fluctuation d’activité) ou définitive (mutation). Elle est pilotée par les ressources humaines et le management du collaborateur, afin de répondre aux besoins de l’entreprise comme aux attentes du salarié. Elle peut s’inscrire dans une politique territoriale de l’entreprise cherchant à développer sa présence dans une nouvelle zone géographique. Elle s’accompagne parfois de besoins de formation, par exemple quand un collaborateur évolue vers un nouveau métier ou gagne en responsabilités.
La deuxième implique une prise de poste dans une autre entreprise, afin de diversifier son expérience professionnelle ou prendre une nouvelle orientation professionnelle.
Les deux peuvent s’accompagner d’une mobilité géographique pour se rapprocher de son nouveau poste.
La mobilité professionnelle est un enjeu de rétention et d’expérience collaborateur, autant dans les entreprises privées que dans la fonction publique.
Mobilité professionnelle géographique
La mobilité professionnelle géographique décrit plutôt la capacité d’un travailleur à changer de lieu d’habitation. Soit pour se rapprocher d’un poste, soit pour faire des allers-retours entre la région où il vit et celle où il travaille.
Depuis la crise sanitaire, l’essor du télétravail a décuplé ce phénomène et encouragé de nombreux salariés à mettre en place une mobilité géographique sous forme de trajets réguliers (hebdomadaires, bimensuels, etc.) entre leur domicile (éloigné du bureau) et un espace de bureau (siège ou espace de coworking à proximité pour travailler dans de bonnes conditions).
Cette mobilité géographique peut être demandée par le salarié, en lien ou pas avec l’évolution de sa carrière et sa situation professionnelle, par exemple lors d’un entretien de carrière. Le collaborateur formalise ses attentes sur son parcours professionnel. II propose des modalités d’organisation de cette mobilité si elle implique un éloignement de son lieu de travail :
- nombre de jours de présence au bureau,
- mise à disposition d’un espace de coworking sur son nouveau lieu de résidence,
- prise en charge de tout ou partie du coût du transport entre son nouveau domicile et le bureau, etc.
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Quelques chiffres clés de la mobilité professionnelle
Selon l’Observatoire de la mobilité professionnelle et géographique, 1 salarié sur deux a déjà refusé une offre d’emploi pour cause d’éloignement géographique. 29 % des dirigeants ont abandonné le recrutement d’un candidat en raison de son éloignement. Des chiffres qui montrent que la distance entre un employeur et ses équipes constitue encore un frein, même si cette tendance évolue depuis la crise sanitaire.
Côté attente des salariés, l’Observatoire note aussi que 80 % attendent de leur entreprise un accompagnement à la mobilité :
👉Aide financière
👉Recherche d’un logement
👉Contraintes administratives (inscription école, changement d’emploi pour le conjoint, etc.)
👉Contraintes humaines (éloignement des proches, nouveau cadre de vie à construire)
Le télétravail joue un rôle clé dans l’évolution récente de la mobilité professionnelle. Une étude menée par la Dares (publication mai 2022) sur la mobilité professionnelle montre que les métiers pratiquant le plus le télétravail contribuent pour les deux tiers à la hausse des départs des métropoles au-delà de 100 km entre avril 2020 et avril 2021, et en particulier des habitants d’Île-de-France.
Source : Dares
Les opportunités liées à la mobilité professionnelle
Les nouveaux outils collaboratifs et numériques ont aboli de nombreux freins managériaux et organisationnels. Les entreprises peuvent désormais élargir leur bassin de recrutement, et fidéliser leurs talents en leur offrant des possibilités d’évolution internes et/ou géographiques qui viendront améliorer leur bien-être et leur qualité de vie au travail. Sans oublier la diminution de l’empreinte carbone de l’entreprise avec la réduction des trajets entre le domicile et le bureau.
Côté collaborateurs
La mobilité professionnelle donne les moyens à chaque collaborateur de devenir acteur de sa réussite et de son évolution professionnelle, tout en choisissant, s’il le souhaite, un cadre de vie qui lui convient mieux que l’actuel. Elle s’inscrit dans un plan d’actions global qui définit un parcours professionnel, basé sur des objectifs à court, moyen et long terme.
Côté employeurs
Dans les entreprises, la mobilité est devenue un enjeu majeur en termes de flexibilité, de gestion des talents, de développement des carrières des salariés, et in fine, d’attractivité sur le marché de l’emploi. Favoriser la mobilité est un atout pour attirer des travailleurs qui ne conçoivent plus leur carrière de manière linéaire. Cette politique de mobilité interne doit s’appuyer sur une gestion prévisionnelle de l’emploi et un plan de développement des compétences construit par la Drh et son équipe.
Pourtant, seules 26 % des entreprises, selon l’Observatoire de la mobilité professionnelle et géographique, font de la mobilité géographique un enjeu prioritaire. La majorité est néanmoins consciente que la mobilité professionnelle et géographique des salariés est un outil important de gestion et de management renforçant leur attractivité et leur marque employeur.
Quel cadre légal pour la mobilité géographique ?
Du fait de l’entreprise
Le droit du travail prévoit que le contrat de travail ou la convention collective intègre, si l’employeur le souhaite, une clause de mobilité. Elle prévoit à l’avance que le salarié accepte une modification de son lieu de travail. Il est alors tenu d’accepter la mobilité demandée par l’entreprise.
Du fait du collaborateur
Un salarié peut exprimer un souhait de mobilité en ayant recours au télétravail, mais rien ne l’oblige dans la loi à déclarer un déménagement à son employeur (sauf si vous partez à l’étranger). Mais attention à ne pas s’exposer à des absences ou des retards qui constitueraient une faute, dans l’hypothèse où les règles du télétravail viendraient à évoluer dans l’entreprise.
Bon à savoir :
🧐Un collaborateur qui a choisi de s’éloigner de son lieu de travail ne peut pas exiger davantage de jours de télétravail.
🧐Il peut en revanche négocier de nouvelles conditions de travail, comme un recours accru au télétravail, la prise en charge par son employeur d’un abonnement dans un espace de coworking, et pourquoi pas une partie des frais de transports entre l’entreprise et le domicile.
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Quel cadre pour la mobilité professionnelle interne ?
Elle peut être demandée par l’entreprise, mais le salarié n’est pas obligé de l’accepter si cette mobilité n’est pas prévue dans sa convention collective ou son contrat de travail.
Certaines entreprises utilisent cet outil pour développer la carrière de leurs collaborateurs avec des mobilités régulières permettant de découvrir de nouveaux métiers, de nouvelles régions et équipes, renforçant ainsi l’employabilité des salariés. La mobilité accompagne aussi des transitions de carrière d’un métier vers un autre.
Un collaborateur peut aussi la demander pour convenances professionnelles ou personnelles. Dans les deux cas, cette mobilité doit susciter un échange sur les nouvelles modalités de travail qu’elle entraîne, et d’éventuelles aides pour sa mise en place.
Quelles aides à la mobilité professionnelle ?
Les aides fournies par l’entreprise
L’entreprise peut apporter une aide à ses collaborateurs dans le cadre de leur mobilité professionnelle et / ou géographique, et en faire un atout pour renforcer sa marque employeur :
💰Frais de déménagement ;
🏠Aide à la recherche d’un nouveau logement ;
📝Aide aux formalités administratives (Pôle Emploi pour conjoint, écoles des enfants, etc.) ;
🏢Prise en charge d’un abonnement en espace de coworking ou d’un bureau privatif dédié pour y travailler et organiser ses rendez-vous ;
🚅Prise en charge d’une partie des frais de transport liés à la mobilité et à d’éventuels allers-retours.
L’aide Mobili-Pass®
Dans le cadre d’une mobilité géographique pour une embauche, mutation ou déménagement de l’entreprise, l’aide Mobili-Pass® proposée par Action Logement couvre certains frais.
🏠 Frais d’accompagnement à la recherche d’un logement en location par l’opérateur de votre choix ;
💰 Une partie des dépenses liées à la mobilité (double loyer, frais d’agence, etc. ;
🏠 Frais de mise en vente ou en location de votre logement sur le site de départ ;
💶 Indemnités de remboursement anticipé de votre prêt immobilier ou intérêts intercalaires du prêt relais ;
🏘️ Frais d’agence ou de notaire de la signature d’un nouveau bail.
Peuvent bénéficier de cette aide les salariés d’entreprises du secteur privé non agricole d’au moins 10 salariés, à condition que la distance entre l’ancienne et la nouvelle résidence soit supérieure à 70 km ou 1h15 de temps de transport.
La mobilité professionnelle fait aujourd’hui partie intégrante du développement de carrière et des outils à la disposition des ressources humaines pour co-construire avec les collaborateurs leurs évolutions professionnelles. Les transformations sociétales et managériales liées à la crise sanitaire ont mis en lumière les attentes des salariés quant à l’évolution de leur cadre de vie, sans renoncer à un travail qui leur plaît. Aux entreprises désormais d’accompagner la tendance et de gérer la mobilité pour en faire un atout de recrutement et de fidélisation !