Au pic de l’épidémie en 2020, 90% des hôtels Accor dans le monde entier ont dû fermer leurs portes au grand public… Une situation extrême, qui a conduit Accor, leader mondial de l’hospitalité, à accélérer son offre sur des tendances déjà identifiées.
Steven Daines, Chief Talent & Culture Officer, nous a partagé sa vision de l’hôtellerie de demain : au service des entreprises, mais aussi des habitants alentours… autant que des voyageurs.
« Jusqu’à présent, l’hôtellerie était exclusivement dédiée aux voyageurs : quelqu’un entrait dans un hôtel parce qu’il était par définition loin de chez lui » commente Steven Daines. Or pour la première fois depuis très longtemps, avec tant de restrictions, les voyageurs ont dû s’habituer à voyager localement.
Un contexte inédit, qui a permis de conforter Accor dans une transformation amorcée quelques années auparavant… Car « l’avenir, c’est une hôtellerie qui n’est pas seulement dédiée aux voyageurs », prédit Steven Daines.
Retour sur une évolution en trois étapes.
1 – Une nouvelle offre, pour accompagner les nouveaux usages au travail
Accor a toujours porté une attention particulière aux voyageurs d’affaires (programmes de fidélité, services dédiés, etc.), qui représentent une part importante de sa clientèle.
Mais ces dernières années, l’évolution des usages consécutive à l’adoption des outils digitaux a fait émerger un autre profil de professionnels : des travailleurs indépendants et des collaborateurs, qui n’ont pas nécessairement vocation à se déplacer pour des raisons professionnelles, mais qui souhaitent optimiser leurs temps de trajets et pouvoir travailler où ils veulent.
Conscient de ce nouveau besoin, le Groupe franchit une étape en 2017. Accor entre alors au capital d’une jeune marque d’espaces de coworking issue d’un projet intrapreunarial mené au sein de Bouygues Immobilier. Et qui deviendra : Wojo.
Toujours un hôtel à proximité
L’ambition de Accor est alors de s’appuyer sur la force de son réseau pour offrir aux travailleurs nomades (indépendants ou salariés) la possibilité de rejoindre, où qu’ils soient, un espace de travail partagé alliant professionnalisme, mais aussi convivialité et design. « La frontière entre le travail et le loisir s’atténue. Plus personne n’a envie d’être dans un bureau froid, avec des murs blancs. On a envie d’espaces avec de la décoration, avec de l’animation. »
En deux ans, +300 espaces de coworking Wojo ont ouvert partout en France au sein des hôtels Accor. Un maillage qui a vocation à continuer de grandir, notamment en Allemagne et Autriche dans l’été 2021.
Le sens du service comme élément différenciant
Au-delà d’un lieu, le Groupe entend aussi proposer une véritable expérience et renouveler les codes du télétravail, notamment grâce à sa vision d’« Hospitalité Augmentée » regroupant des activités autour des catégories « Vivre », « Travailler », « se Divertir » : conciergerie, bien-être, animations festives ou business, mais aussi services professionnels… « Le service dans ces espaces : la capacité à restaurer, à proposer un environnement esthétique stimulant, c’est très important, explique Steven Daines. Grâce à son partenariat avec Accor et ses racines hôtelières, Wojo dispose d’une panoplie de services, et même, un esprit de service, qui peut être plus important que d’autres entreprises de coworking. »
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2 – Des bureaux de proximité dans les hôtels, en réponse à la crise
Avec la crise du Covid-19 et la généralisation du télétravail, les entreprises repensent totalement leur organisation.
Au-delà de réponses ponctuelles aux besoins de leurs équipes en déplacement, elles recherchent désormais non pas une, mais plusieurs solutions pour proposer des expériences de travail qui répondent aux enjeux sociétaux. Et notamment le besoin de (ré)engager les collaborateurs ; la nécessité de réduire les charges immobilières ; d’organiser des conditions de télétravail performantes et de qualité…
Espaces de travail partagés, mais aussi bureaux privatifs et salles de réunion sont dorénavant requis, partout en France et plus nécessairement dans les grandes métropoles.
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C’est ce que le politique a appelé « bureau de proximité », appelé à jouer un rôle clef dans la redynamisation des territoires, en affranchissant les travailleurs de l’obligation de vivre à côté du siège de l’entreprise.
Or quelles infrastructures déjà existantes sont en mesure de répondre à ce besoin ? Les hôtels. À un détail près : il faut faire évoluer l’image d’une hôtellerie réservée aux voyageurs.
« L’hôtel doit devenir un lieu d’attractivité pour une clientèle locale, résume Steven Daines. Aujourd’hui encore, les entreprises environnantes hésitent à réserver une salle de réunion. Ce sont plutôt les voyageurs qui les utilisent. »
Des chambres transformées en bureaux
Chez Accor, le message est reçu. Et le défi, relevé.
À Paris, Versailles, Lyon, Bordeaux, Aix , Grenoble, Hongkong, Bangkok… un nombre croissant d’hôtels transforment une partie de leurs chambres en bureaux, sous la houlette des équipes Wojo, garantes d’une bonne ergonomie de travail. Les chambres sont réagencées pour accueillir deux à quatre personnes ; des aménagements sont réalisés afin de dissocier les espaces recevant une clientèle touristique de ceux attribués aux professionnels ; dans certains cas, les étages sont repensés afin de créer un espace de convivialité équipé d’un coin cuisine, une salle de repos, etc.
Au-delà du service pour les travailleurs nomades, Accor propose le concept « bureau-à-la-demande » qui cible une clientèle B2B. Ce projet vient d’être lancé dans 120 hôtels au Brésil, avec l’ambition de conquérir ce marché B2B à fort potentiel de croissance.
« Cela signifie que pour les collaborateurs qui se trouvent en province ou en banlieue parisienne, il y a finalement presque toujours un Wojo disponible à côté. Ce qui permet une économie de temps de déplacement, qui est clé pour beaucoup de collaborateurs. »
3 – Demain : des hôtels où l’on vit et travaille 365/24/7
Mais pour Steven Daines, cette évolution des usages va aller plus loin que l’émancipation géographique.
Rappelons qu’en 2025, les millenials représenteront 75% de la population active. « ll y a déjà ceux qui ont des équipes/clients à l’autre bout du monde et qui peuvent avoir besoin de travailler en pleine nuit. Mais le talent de demain, lui, voudra pouvoir travailler à 4 heures du matin s’il est particulièrement créatif à ce moment-là ou encore, travailler le dimanche pour disposer d’un jour en semaine… C’est une génération qui valorise ses temps personnels et qui a besoin d’horaires flexibles », estime Steven Daines.
Le bureau de demain pourrait donc bien être amené à vivre 365/24/7, comme les hôtels aujourd’hui : « Ce qui importera au-delà de la flexibilité d’ouverture, c’est donc la disponibilité du service à tout moment. C’est sur ce point que je vois un grand avenir aux bureaux et coworkings dans les hôtels, car ils ont déjà cette flexibilité dans leur ADN. »
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Epilogue : vivre où on le souhaite et non en fonction de son lieu de travail
Un Français sur deux (62% des – 35 ans) affirme qu’il déménagerait si on lui offrait la possibilité de travailler à distance trois jours/semaine… Il y a là une attente que les entreprises qui veulent attirer les talents ont tout intérêt à entendre.
Avec l’offre de bureau à la carte déclinée par le réseau Accor, plus rien ne s’oppose désormais à ce qu’une entreprise choisisse la localisation de ses bureaux en fonction du domicile de ses collaborateurs. Elle peut ainsi constituer une galaxie d’espaces de travail qui évolue en fonction de ses besoins et ressources.
Mais tout en veillant à rassembler périodiquement ses équipes : « Si on me demandait quelle est la meilleure forme de flexibilité du travail, je dirais que c’est l’hybridité : encourager les collaborateurs à répartir leur temps professionnel entre différents lieux de travail. […] Et puis, certains collaborateurs voudront être presque tout le temps au bureau, d’autres en coworking pour éviter les temps de transports. C’est très bien : il faudra de la diversité ! » conclut Steven Daines.