Le salon Produrable s’est tenu porte Maillot en avril dernier. Cette édition a été l’occasion de lancer un nouvel événement : NewWork, le travail du futur. Organisé en parallèle du salon, tel un événement dans l’événement, NewWork s’intéresse aux mutations du travail : 40 conférences y ont été organisées, autour de cinq grands thèmes.
Nous avons choisi de vous faire un petit retour sur la table-ronde organisée par Wojo : « Corporate hacking et intrapreneuriat : comment changer l’entreprise de l’intérieur ? »
Le corporate hacking est un moyen de challenger son entreprise, tout en apportant considération et motivation à ses employés : une pratique gagnant/gagnant. Céline Degreef , Yoann Jaffré, Christophe Lefort , Fabrice Poussiere , Audrey Saget qui tous ont en commun leur passé corporate et le fait d’avoir rejoint des start-up, nous ont éclairé à ce sujet.
Qu’est-ce que le corporate hacking ?
Voici la définition proposée sur le site Les Hacktivateurs : « Le corporate hacking, en gros, c’est le fait d’utiliser les moyens mis à disposition par l’entreprise dans le cadre d’une fonction, pour faire bouger les lignes au-delà de cette simple mission. Sens de l’opportunité, voire de l’improvisation, détournement positif, et bricolage organisationnel : pour le corporate hacker, tous les moyens ou presque sont bons pour œuvrer, dans le collectif, à l’amélioration de l’entreprise. Le corporate hacking ne joue pas contre l’entreprise, mais au service de la transformation de celle-ci, et dans le respect de sa raison d’être profonde ».
C’est donc à la fois une démarche, une façon d’appréhender son quotidien professionnel, ses missions mais aussi le fonctionnement de son entreprise, encouragée et valorisée par les managers. C’est également une appétence, un choix de la part de certains collaborateurs (car tout le monde, et heureusement, n’aspire pas à disrupter son travail, et encore moins son entreprise…).
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Intraprenariat vs corporate hacking
Chacun sait (à peu près) ce qu’est un projet d’intrapreneuriat, et donc un intrapreneur. La première étape pour lui consistera à se battre pour faire accepter son projet et mériter de rejoindre un programme d’intrapreneuriat. Une fois sa hiérarchie convaincue de la pertinence de son concept (qui n’est pas forcément en rapport avec le cœur de métier de son employeur), l’intrapreneur doit aller vite. Accompagné, encadré, soutenu financièrement et même mis sur le devant de la scène, il devra alors répondre aux nécessités inhérentes aux enjeux de création de valeurs (matérielles et immatérielles) sur lesquels il est attendu.
Il ne peut pas exister de compétition entre corporate hackers, ce serait un non-sens.
Le corporate hacker n’est pas du tout dans le même état d’esprit. Fortement attaché aux valeurs de l’entreprise qui l’emploie, il n’a pas vocation à la quitter pour réaliser son projet : ce qui l’intéresse, lui, c’est d’en développer le business, améliorer les process ou conditions de travail… Contrairement à l’intrapreneur qui doit savoir s’imposer, le corporate hacker ne pourra remporter de victoire que s’il fait preuve de subtilité.
Il procèdera avec diplomatie et discrètement pour faire passer ses idées, qui seront toujours en faveur de l’intérêt général. Voilà aussi pourquoi il ne peut pas exister de compétition entre corporate hackers, ce serait un non-sens.
Étonnamment, la relation à l’autorité, qui a considérablement évolué avec les caprices des générations Y et Z (on taquine un peu ! Mais vous voyez de quoi on parle…), sera presque fusionnelle, ou en tout cas très harmonieuse, car le corporate hacker cherchera l’adhésion de sa hiérarchie : c’est une relation sur le fond, bien plus que dans une situation d’intrapreneuriat.
L’équation du corporate hacking
Audrey Saget, présidente et cofondatrice d’Imfusio (tribu qui accompagne en douceur les entreprises dans leurs transformations), a pris le temps de réfléchir au creuset propice à la naissance, puis la réussite d’un projet de corporate hacking :
- au départ, il y a nécessairement une situation d’insatisfaction avec l’existant (ou tout au moins, la conviction que cela pourrait être mieux), c’est I = insatisfaction ;
- ensuite, dans l’ADN de l’individu se trouve la notion de bien commun = BC, l’attention portée à l’intérêt général (on ne s’attache pas à résoudre un problème qui ne concerne que soi) ;
- et puis il y a le précieux A, qui n’est certes pas donné à tout le monde = la capacité à passer à l’action (car l’analyse et l’intention ne suffisent pas) ;
- si le produit de ces trois paramètres est supérieur à R = la résistance de l’organisation, de ses collègues, de ses propres doutes et même, celle occasionnée par des freins extérieurs à l’entreprise… alors c’est gagné !
I x BC x A > R
Insatisfaction x Bien commun x Action > Résistance
La créativité, le nerf de la guerre du corporate hacker
Comment repérer les corporate hackers de son entreprise ? En libérant les collaborateurs de leurs complexes ! Ce n’est pas parce que l’on est ingénieur que l’on ne devrait pas avoir d’idées d’action de com’, ou parce que l’on est commercial que l’on devrait pas avoir d’avis sur une stratégie.
De l’avis de tous les intervenants, le droit à l’expérimentation devrait alors pouvoir être revendiqué et il est urgent de plébisciter l’échec plutôt que l’immobilisme !
Ensuite, il faut… sortir !!! Sortir du cadre, sortir de son écosystème, travailler ailleurs (pratiquer le nomadisme), aller à la rencontre d’autres entreprises, d’autres façons de faire, apprendre à repérer les compétences externes dont on pourrait avoir besoin pour faire avancer son projet (et savoir utiliser ses relations). Se rendre à des conférences ou ateliers, regarder comment font les autres, accepter de penser en mode collaboratif (quand bien même vous aurez l’impression d’avancer moins vite) et être curieux de ce que pensent les autres (même les néophytes, oui).
Alors, compliqué, de devenir un coporate hacker ? Pas tant que ça ! C’est juste une question de « mindset » (comme le diront certains), peut-être aussi une question de temps, songerez-vous. Du temps à la priorité, il n’y a qu’un pas.
Et justement savez-vous quels sont les mantras de nos speakers en termes « d’auto hacking » ?! Accrochez-vous : la sieste, le temps libre, la disponibilité, les pauses, le plaisir manifesté par l’équipe, le sens, la gamification des tâches ingrates…
Un article rédigé par Laëtitia Cognie,